L'avidité des capitalistes n'a pas de limite. Comme toutes les sociétés offshore en Tunisie, Téléperformance (TP), leader mondial des centres d'appel, a bénéficié de subventions et d'exonération d’impôts pendant dix ans et plus par l’État tunisien. Passés les dix ans d'implantation, il lui a suffi de changer de nom pour continuer à bénéficier de ces avantages… Néanmoins, depuis plusieurs mois, les conditions de travail se détériorent de plus en plus : la santé et la sécurité des travailleurs se dégradent, les accords signés ne sont plus appliqués, la direction procède à des recrutements par copinage… Ce qui a fait déborder le vase, c'est le licenciement abusif de plusieurs salariés ayant pour certains plus de dix ans d'ancienneté ! Selon une responsable du syndicat de l’entreprise, lors des dernières mobilisations, ces salariés se sont rapprochés du syndicat. La direction de TP veut-elle faire des exemples et se débarrasser d'« éléments » combatifs ? En grève de la faimMalgré des tentatives de négociation de la part des syndicalistes de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), la direction campe sur ses positions et refuse de revenir en arrière. L'obstination de la direction a poussé cinq salariés et syndicalistes à commencer un sit-in dans les locaux de l'entreprise, le 26 février, puis trois d'entre eux sont entrés dans une mobilisation très dure le 5 mars : ils ont entamé un grève de la faim. Les patrons ont tout fait pour faire « dégager » les grévistes des locaux, puis pour les convaincre de stopper la grève de la faim. Ils ont fait appel à des huissiers, à la police, puis aux parents… jusqu'à déposer une plainte au tribunal pour occupation illégale des locaux de l'entreprise ! Cette grève a donné lieu à un bel élan de solidarité. Tout d'abord de la part des salariés de TP qui ont fait des sit-in de soutien à leurs camarades, puis dans chaque centre d'appel de TP où des salariés ont observé à tour de rôle 24 heures de grève de la faim. Des communiqués de soutien on été envoyés par des syndicats de base de l'UGTT, des fédérations et des membres du bureau exécutif. Au niveau international, des courriers ont été adressés à la direction du groupe en France par SUD et la CGT pour mettre la pression sur la direction. Après de nombreux jours sans manger ni boire, la grève de la faim a été stoppée mais la mobilisation n'est pas enterrée pour autant. Le secrétaire général du syndicat UGTT de Téléperformance Ben Arous explique : « Il y a encore une forte mobilisation sur les sites de TP. Les salariés attendent la réunion avec la direction lundi 18 mars. Nous avons entamé des discussions sur les manières de lutter autrement que par la grève de la faim, nous discutons de grève générale sur l'ensemble de l'entreprise, voire même de sit-in sur tous les centres avec occupation ». Solidarité avec les travailleurs de TP en lutte pour la satisfaction de leurs revendications ! Correspondant
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Faujour