Publié le Mardi 2 janvier 2018 à 23h50.

Un an de Trump : Wall Street et les riches d’abord !

Retour sur l'année 2017. Le 8 novembre 2016, Trump était élu président des USA. Ce multimilliardaire, homme de télé-réalité, surprenait tout le monde en battant Hillary Clinton, la candidate des sommets de l’État et des milieux d’affaires, avec cependant... trois millions de voix de moins que sa concurrente. 

Son imposture a profité du rejet des Démocrates et de l’establishment, qu’il a exprimé avec son cynisme et sa démagogie pour flatter les préjugés, racisme, nationalisme et protectionnisme, xénophobie contre les immigrantEs en général et les musulmanEs en particulier, ainsi que les afro-américainEs, sans même parler du sexisme minable directement ciblé contre sa rivale... 

Le 20 janvier 2017, lors de sa prestation de serment, il déclarait : « Pendant trop longtemps, un petit groupe de personnes (…) a récolté les fruits de la politique du gouvernement, alors que le peuple en a assumé les coûts ». Depuis, la situation n’a fait qu’empirer. 

Si la grande bourgeoisie et les sommets de l’administration sont quelque peu inquiets de voir à la tête de l’État un tel pantin rustre et brutal, ils peuvent cependant lui faire confiance pour faire le job. À sa manière certes, mais, au final, dans tous les domaines, il poursuit et aggrave la politique de l’État et de Wall Street. C’est bien pourquoi il est peu probable que l’establishment cherche à le destituer. Le Congrès et le Sénat viennent ainsi de voter sa réforme fiscale, un énorme cadeau aux 1 % les plus riches. À moins que la multiplication des accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles ne viennent à bout du « prédateur en chef »…

« Une guerre de classe »

C’est ainsi que le sénateur Bernie Sanders a qualifié, à juste titre, la réforme fiscale, véritable agression contre les travailleurEs et les pauvres. L’essentiel des 1 500 milliards de dollars (1 270 milliards d’euros) de réductions d’impôts programmées concerne, en effet, les grandes entreprises et les ÉtatsunienEs les plus aisés. L’impôt sur les sociétés passe de 35 % à 21 %. La réforme prévoit également un dispositif incitatif pour rapatrier aux États-Unis les bénéfices réalisés par les multinationales US à l’étranger. Quant aux particuliers, ils seront soumis à sept tranches d’imposition allant de 10 % à 37 % pour les plus riches, au lieu de 39,6 % actuellement. Enfin, le montant sur lequel on peut être exonéré de droits de succession est doublé, 22 millions de dollars pour un couple.

Les grandes entreprises vont voir leurs bénéfices bondir. Wall Street ne s’y est pas trompée. Anticipant la réforme fiscale, elle connaît depuis un an une hausse constante. La moitié des baisses d’impôt ira dans la proche des 1 % les plus riches, alors qu’ils possèdent déjà 40 % de la richesse du pays, du jamais vu depuis la fin des années 1920… 

Extrême pauvreté

Les largesses de Trump à l’égard de la bourgeoisie vont aggraver un déficit budgétaire déjà énorme (666 milliards de dollars en 2017) et une dette fédérale abyssale de 20 000 milliards de dollars. La majorité républicaine se prépare à tailler encore plus dans les dépenses, à commencer par les programmes sociaux. Les plus pauvres en feront les frais.

Il existe déjà officiellement 41 millions de personnes sous le seuil de pauvreté aux États-Unis, chiffre auquel s’ajoutent plusieurs autres millions étant donné l’arbitraire statistique du seuil de pauvreté, pour l’essentiel des travailleurEs pauvres.

9 millions de ces personnes ne reçoivent aucune aide financière. Bien des banlieues abandonnées constituent des zones « sous-développées », le « tiers monde » au cœur du pays le plus riche de la planète. Et l’extrême pauvreté touche toutes les populations. 

Le « réveil américain »

La veille du vote de sa réforme fiscale, Trump présentait le rapport annuel du gouvernement sur sa « stratégie de sécurité nationale », l’occasion de promouvoir sa politique de « la protection de la prospérité », la prospérité des classes capitalistes. Les USA sont confrontés à un monde hostile, une ère nouvelle de compétition, dixit Trump : « Nous faisons face à des puissances rivales, la Russie et la Chine, qui essayent de remettre en cause l’influence, les valeurs et la richesse de l’Amérique […] qui sont déterminées à rendre les économies moins libres et moins justes, à développer leur puissance militaire et à contrôler l’information et les données afin de réprimer leur société et étendre leur influence ». Et de proclamer : « L’Amérique va diriger à nouveau ». 

C’est dans cette offensive contre les peuples que s’inscrit la dernière provocation de Trump décidant de mettre en œuvre la décision du congrès états­unien, datant de 1995, de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël. C’est ainsi qu’il justifie aussi l’augmentation du budget de la Défense et laisse ouverte la possibilité de recourir à l’arme nucléaire, question jusqu’alors taboue. C’est le « fondement d’une politique garante de la paix et de la stabilité en dissuadant toute agression contre les États-Unis, nos alliés et nos partenaires », explique le rapport publié par la Maison Blanche. La politique des USA est, dans tous les domaines, alarmante : la brutalité de Trump l’indique sans fard. Mais la contestation s’étend et le réveil américain pourrait bien être, en 2018, celui de la lutte…

Yvan Lemaitre