Les tribunaux ont infligé à l’ancien président Donald Trump deux décisions économiquement dévastatrices qui pourraient lui coûter un demi-milliard de dollars et qui portent un coup fatal à sa marque, à son image et à son ego. Comment ces décisions affecteront-elles ses ambitions présidentielles ?
Dans la décision la plus récente, un juge new-yorkais a sanctionné Trump à hauteur de 350 millions de dollars pour des déclarations commerciales frauduleuses, une somme qui, avec les intérêts, atteindra 450 millions de dollars. Il a également interdit à Trump de faire des affaires à New York pendant trois ans. Le juge a également condamné ses fils, Eric Trump et son frère Donald Trump Jr., à une amende de 4 millions de dollars chacun et leur a également interdit de faire des affaires à New York pendant deux ans. Trump doit payer l’amende dans les 30 jours ou déposer une caution pendant qu’il fait appel des décisions. Selon les estimations, Donald Trump « vaut » 2,3 milliards de dollars, dont la majeure partie est constituée de biens immobiliers, mais il dispose d’un demi-milliard de dollars de liquidités. Il ne fera donc pas faillite. Le juge a également prolongé de trois ans le mandat d’un contrôleur indépendant, un agent du tribunal au sein de l’organisation Trump, chargé de surveiller les fraudes.
Dans une décision rendue en février, les tribunaux ont accordé 83,3 millions de dollars à E. Jean Carroll, une femme qui affirme avoir été violée par Trump il y a plusieurs dizaines d’années et avait ensuite été diffamée. Trump a fait appel de cette décision.
91 chefs d’accusation contre Trump
Trump a attaqué la décision la plus récente (l’amende de 450 millions de dollars), la qualifiant d’« imposture complète et totale ». Il affirme depuis le début que le président Biden et le Parti démocrate sont à l’origine de ce qu’il appelle les attaques « politiquement motivées » dont il fait l’objet. Il a qualifié le juge d’être corrompu et a déclaré que la procureure générale de New York, Letitia James, une femme noire, qui a porté l’affaire devant les tribunaux, était une « raciste ».
Outre ces affaires civiles, Trump doit répondre de 91 autres chefs d’accusation dans le cadre de quatre procédures distinctes. Tout d’abord, à Manhattan, il est accusé d’avoir falsifié des documents commerciaux dans le cadre d’un stratagème visant à verser des pots-de-vin à des femmes qui disaient avoir eu des relations sexuelles avec lui. Ce procès s’ouvrira le 25 mars. Ensuite, en Floride, il est accusé de rétention délibérée d’informations relatives à la sécurité nationale, d’obstruction à la justice, de dissimulation de documents et de fausses déclarations. Troisièmement, en Géorgie, Trump et 18 autres personnes sont accusés de racket et de conspiration pour voler les élections de 2020. Dans cette affaire, deux des co-accusés de Trump ont accusé la procureure du comté de Fulton, Fani T. Willis, d’avoir bénéficié financièrement de l’embauche de Nathan Wage, un collègue avec lequel elle avait une liaison sexuelle, et ils demandent qu’elle soit dessaisie de l’affaire. Enfin, à Washington, DC, Trump fait également l’objet d’une procédure fédérale pour subversion électorale.
De plus, la Cour suprême fédérale examine actuellement deux affaires concernant Trump. L’une portant sur la décision de la Cour suprême du Colorado de lui retirer la possibilité d’être candidat dans cet État (dans le cadre de l’élection présidentielle) parce qu’il a incité à l’insurrection contre le gouvernement des États-Unis. Et l’autre, sur la question de savoir si, en tant qu’ancien président, il bénéficie ou non d’une immunité de poursuites.
Souscription de Trump pour les frais de justice
Comment les problèmes juridiques de Donald Trump affectent-ils sa campagne présidentielle ? Trump a profité de ses procès pour récolter des dizaines de millions de dollars afin de payer ses frais de justice, et il a immédiatement demandé à ses partisans de l’aider à financer son appel de la dernière décision rendue à son encontre.
La base de Trump, environ un tiers de tous les électeurs, lui reste fidèle. Ils sont d’accord avec lui pour dire qu’il est politiquement persécuté par une « chasse aux sorcières » du parti démocrate. Et Trump contrôle le Parti républicain, dont la quasi-totalité des éluEs, à tous les niveaux, le soutiennent dans sa candidature à la présidence. La plupart des AméricainEs (deux sur trois) pensent cependant que Trump ne devrait pas bénéficier de l’immunité. La plupart d’entre eux souhaiteraient qu’il soit jugé avant les élections. Si Trump a la mainmise sur sa base, ses problèmes juridiques font qu’il est peu probable qu’il obtienne les voix de démocrates tandis qu’il risque de perdre celles de nombreux électeurEs indépendants (qui balancent entre Républicains et Démocrates).
Traduction Henri Wilno