Publié le Mercredi 31 mars 2021 à 10h15.

Mesures sanitaires en Allemagne : un pas en avant, deux pas en arrière

Comme ailleurs, l’accalmie sanitaire en Allemagne n’aura duré que quelques semaines. Alors que le gouvernement commençait déjà à se féliciter du recul des cas sans avoir eu recours au confinement « dur », et laissait miroiter une réouverture complète des écoles et des assouplissements pour les bars et restaurants, les chiffres montent en flèche depuis deux semaines.

Lundi 22 mars, le gouvernement allemand annonçait le « confinement le plus strict depuis le début de la pandémie », notamment pour le week-end de Pâques. Le début d’un feuilleton de plusieurs jours riche en rebondissements.

Avancer pour mieux reculer ?

Les critiques ont fusé de tous bords : patrons s’inquiétant du manque à gagner, régions mécontentes de n’être pas consultées, épidémiologistes craignant une ruée sur les supermarchés qui ne devaient ouvrir qu’un jour, églises vexées de ne pas pouvoir rassembler leurs agneaux pour la messe de Pâques… Un jour après l’annonce, la présidente des constructeurs automobiles exprimait la crainte du patronat allemand face aux conséquences néfastes d’un confinement strict sur les profits, en marge du « sommet de l’automobile ». Le mercredi 24 mars, changement de cap : après une nouvelle rencontre entre responsables fédéraux et régionaux, Angela Merkel demandait « pardon » aux Allemands, et retirait l’énorme majorité des mesures prévues.

Retour à la normale, donc, alors que depuis le début de la pandémie, le gouvernement fédéral délègue les décisions aux échelons régionaux, où les notables peuvent choisir : tenter de se mettre en avant par une « bonne » gestion de crise, ou déléguer à nouveau à une échelle locale. Dans la Ruhr, le potentiel candidat à la prochaine présidentielle, Armin Laschet, a annoncé ne pas vouloir appliquer de nouvelles mesures. En Sarre on planifie la fin du confinement en pleine montée de la troisième vague. Ces tergiversations et la campagne vaccinale bancale (pas aidée par la suspension temporaire des vaccins Astra Zeneca) pourraient revitaliser les manifs anti-confinement où s’affiche l’extrême droite : le samedi 20 mars, 20 000 personnes manifestaient à Kassel et s’affrontaient à la police, après une « accalmie » de plusieurs semaines.

Les urnes en ligne de mire

La danse politicienne a du mal à tenir les deux bouts de cette année 2021, car il ne s’agit pas seulement de l’An II du Covid, il s’agit aussi d’une année « super-électorale », avec plusieurs élections régionales et les législatives à la clé, en septembre, qui in fine décident du chancelier ou de la chancelière et de la composition du gouvernement fédéral.

Le parti démocrate-chrétien de Merkel s’est vu infliger une claque aux deux premières élections régionales. Ce sont les Verts qui ont le vent en poupe, raflant notamment 32 % des voix en Bade-Wurtemberg, où ils ont su se montrer les fidèles défenseurs des patrons de l’automobile ces dernières années. Assez pour avoir l’ambition de reléguer la CDU au rôle de partenaire « junior » dans la probable coalition écolo-conservatrice… Le scénario le plus probable qui s’annonce ! Pas besoin de regarder de l’autre côté des Alpes, où les Verts autrichiens gèrent la pandémie en coalition avec les conservateurs de la bonne vieille droite, pour réaliser que ce n’est pas là que les classes populaires trouveront des perspectives…