Le Jubilé de la reine britannique a été un exercice de relations publiques, avec couverture médiatique internationale : le Monde a fait un live pour le traditionnel défilé militaire en l’honneur de son anniversaire officiel, France 2 et TF1 l’ont retransmis en direct. Emmanuel Macron a offert un cheval à la Reine.
Les médias ont mis en avant les Union Jacks et les fêtes de rue pour donner l’impression d’un pays uni dans la ferveur royaliste. La réalité est quelque peu différente. La figure centrale était absente, sauf le premier jour quand elle a fait deux brèves apparitions sur le célèbre balcon du palais de Buckingham. La présence de dizaines de milliers autour des événements officiels ou non officiels reflète certes la sympathie pour celle qui a été cheffe d’État durant toute la vie d’une majorité de Britanniques. Mais il s’agit d’une monarchie qui repose sur la popularité de la monarque actuelle et qui, inévitablement, ne durera pas beaucoup plus longtemps – la popularité de l’héritier est la moitié de la sienne.
Selon les sondages, seuls 40 % des jeunes sont favorables au maintien de la monarchie, la moitié des habitantEs de l’Écosse se désintéressent du Jubilé ; des photos montrent les fêtes du Jubilé désertées à Liverpool. Dans le nord de l’Irlande, c’est la communauté unioniste qui s’est intéressée à l’événement. Même dans le sud de l’Angleterre, les rues pavoisées étaient rares, que ce soit dans les quartiers ouvriers de Londres ou dans une ville traditionnelle comme Winchester. Pour la population du Royaume-Uni les problèmes du coût de la vie, l’effondrement du service de santé après des années de politiques destructrices, restent beaucoup plus importants.
Côté gouvernement, ces quatre jours ont été un répit partiel pour Boris Johnson, même s’il a été hué vendredi par les fervents royalistes rassemblés devant la cathédrale de Saint-Paul.
Un vote a eu lieu lundi soir : 41 % des députés conservateurs ne lui accordent pas leur confiance. Il a donc « gagné » par 211 contre 148 – un résultat mauvais, pire que ses prédécesseusses Theresa May ou Margaret Thatcher qui sont parties peu de temps après. On ne s’attend pas à ce que Johnson fasse de même. Mais son gouvernement, largement considéré comme manquant de vision et de compétence, aura du mal à gouverner, ou à gagner les deux élections partielles de cet été dans les sièges détenus par les Tories. Il ne pourra pas, comme il le prétend, « tourner la page pour se mettre au travail ».