Les 21 et 22 juin, la conférence intergouvernementale « Ukraine Recovery Conference » s’est réunie à Londres, sous l’égide du gouvernement britannique. Il s’agissait d’intensifier de fait — sous couvert « généreux » d’une « aide à la reconstruction » de l’Ukraine après la guerre — les politiques néolibérales mises en œuvre bien avant la guerre.
On sait combien malheureusement les forces néolibérales du pouvoir Zelensky se sont emparées du contexte de la guerre pour radicaliser les attaques détruisant les protections sociales et le service public.
Résister à l’agenda néolibéral
C’est en lien avec les résistances syndicales et politiques impulsées notamment par nos camarades de la gauche ukrainienne contre ces politiques, que le Réseau européen de solidarité avec l’Ukraine (ENSU/RESU) et en particulier le collectif britannique « Ukraine Solidarity Campaign (USC) » a organisé le 17 juin un contre-événement à Londres, sous la bannière « Une autre Ukraine est possible ».
Tout en soutenant la lutte de l’Ukraine contre l’impérialisme russe, l’USC a aidé nos camarades ukrainienEs — syndicalistes, socialistes et militantEs du mouvement social — à résister à cet agenda néolibéral et à exiger un autre type de reconstruction d’après-guerre.
10 thèses sur l’emploi
C’est dans ce contexte qu’est intervenu Vitaly Dudin, dirigeant de SR (Sotsialnyi Rukh-Mouvement social), pour présenter 10 thèses sur l’emploi dans le contexte de la relance.
« 1. Il est déjà clair que nous sommes confrontés à la tâche de restaurer le pays non seulement des conséquences de l’agression russe, mais aussi des conséquences des réformes de déréglementation socialement nuisibles.
2. L’Ukraine a survécu grâce à la persévérance des travailleurs. Les cheminots, les médecins et les ingénieurs en électricité ont renforcé les arrières de l’armée sous la pression. Ils méritent ce qu’il y a de mieux.
3. Malheureusement, la réalité est différente. L’État ne s’est pas débarrassé de l’influence de l’élite oligarchique. Dans ce système, le travail n’est pas valorisé et les prestations sociales sont souvent incompatibles avec la dignité.
4. Les racines de cette situation se trouvent dans le modèle du capitalisme fondé sur les matières premières. Il a permis aux riches de réaliser des profits à l’exportation, mais s’est avéré intenable en temps de guerre.
5. La guerre a entraîné la destruction massive d’emplois, mais a créé une demande pour de nouveaux emplois. S’il faut équiper les abris, soigner, réparer, pourquoi des millions de personnes sont-elles au chômage ?
6. Le gouvernement ne surmonte pas le chômage pour réduire le prix du travail. Mais sans doublement des salaires (notamment dans le bâtiment), la « reprise » sera synonyme de « parasitisme ».
7. L’économie doit être dirigée par les travailleurs, et non par ceux qui se soucient des profits à court terme. La moitié des postes dans les organes de direction des entreprises publiques (UZ) devraient être désignés par les syndicats.
8. Les réformes du travail devraient commencer par l’annulation de la scandaleuse loi 2136, qui décourage l’emploi légal par des restrictions arbitraires des garanties du travail.
9. L’Agence pour l’emploi devrait créer des emplois, verser des prestations décentes à tous ceux qui ont perdu leur emploi à cause de la guerre et compléter les paiements par une formation à de nouvelles compétences.
10. Une loi sur les inspections du travail est nécessaire pour garantir le respect des droits du travail. La sanction pour l’emploi non officiel devrait être la suspension de l’entreprise, voire la nationalisation de la propriété.
Si nous voulons garantir une économie innovante capable de résister aux assauts de l’agresseur et créer des millions d’emplois avec des conditions de travail décentes, il n’y a pas d’autre alternative que d’aller vers la démocratisation et la socialisation de l’économie. »