Plus de 75 000 employéEs d’hôpitaux de Californie, de l’Oregon, de l’État de Washington et du Colorado ont fait grève pendant trois jours la semaine dernière contre Kaiser Permanente, dans le cadre de ce qui constitue la plus grande grève hospitalière de l’histoire des États-Unis.
Le syndicat a déclaré que Kaiser refusait de négocier de bonne foi et que la grève avait pour but de faire pression sur lui pour qu’il le fasse. Si les médecins n’ont pas fait grève, pratiquement tous les autres travailleurEs l’ont fait. Cette grève s’inscrit dans le prolongement d’une vague de grèves qui a touché tous les secteurs, des écrivains aux acteurs en passant par les travailleurs de l’automobile, les syndicats américains faisant preuve d’un militantisme sans précédent depuis des dizaines d’années.
Pénuries de personnel
Les salaires et les effectifs sont les principaux problèmes. Les syndicats représentant les travailleurs de Kaiser ont demandé un salaire horaire minimum de 25 dollars et des augmentations de 7 % par an au cours des deux premières années d’un nouveau contrat et de 6,25 % par an au cours des deux années suivantes.
La question du personnel est peut-être la plus importante. Le syndicat affirme que Kaiser n’ayant pas embauché suffisamment, il y a des pénuries de personnel. Les travailleurs sont obligés de faire plus de travail, de sorte qu’ils s’épuisent et manquent souvent à leurs devoirs envers leurs patients.
« Nous faisons généralement des mammographies toutes les 15 minutes, mais avec la pénurie du personnel de Kaiser, nous sommes réduits à parfois sept minutes et demie », a déclaré Debru Carthan, technicienne en radiologie à Kaiser Permanente Modesto, en Californie, à ABC News. « Notre charge de travail est donc doublée ; alors que j’avais une charge normale de travail de 20 patients par jour, j’ai maintenant entre 40 et 45 patients que nous sommes censés traiter en huit heures. »
Sachant que ma sœur Janet La Botz et sa famille dans la région de San Diego, en Californie, étaient des patients de Kaiser depuis plus de trente ans, je l’ai appelée pour lui demander ce qu’elle pensait de la grève. Elle m’a dit : « Avant la pandémie de Covid, j’étais toujours satisfaite de Kaiser. Mais depuis trois ans, les choses ont radicalement changé. Il est très difficile d’obtenir des rendez-vous, en particulier pour les services spécialisés. L’attente peut aller de quelques mois à près d’un an. J’ai demandé un test de dépistage auditif de routine et on m’a donné un rendez-vous six mois plus tard. Ce n’est qu’en protestant que j’ai réussi à obtenir un rendez-vous plus tôt. Mes amis et moi avons remarqué ce changement et nous sommes tous frustrés ».
« Je sais également que les salaires du personnel non soignants dans les cliniques et les hôpitaux sont dérisoires. Certains fast-foods paient mieux leurs employéEs. Le travail de ces personnes est important pour la santé et la sécurité du personnel et des patients de Kaiser. Je soutiens donc fermement les travailleurs qui font grève pour obtenir de meilleurs salaires et davantage de personnel. »
La pandémie du coronavirus a conduit cinq millions de professionnelEs de la santé à quitter le secteur. Les syndicats de Kaiser affirment que l’entreprise doit embaucher 10 000personnes supplémentaires.
Un bénéfice de 2,1 milliards de dollars
Kaiser Permanente est le système de soins le plus important des États-Unis. Kaiser Permanente, une société à but non lucratif, est unique parce qu’elle est à la fois un régime d’assurances et une société de services de santé, desservant environ 13 millions de personnes dans huit États et le district de Columbia. Dans ses 39 hôpitaux et 622 autres établissements médicaux, elle emploie 68 000 infirmierEs, 213 000 technicienEs, employéEs de bureau et personnel administratif, ainsi que 24 000 médecins, ce qui en fait l’un des plus grands employeurs du pays dans le secteur de la santé.
Kaiser a réalisé un bénéfice de 2,1 milliards de dollars cette année, et les syndicats veulent que cet argent soit utilisé pour le recrutement et les augmentations de salaire. Jusqu’à présent, 18 grèves ont été organisées dans des hôpitaux en 2023 par différents syndicats, la plupart du temps pour les mêmes raisons.
Les travailleurEs de Kaiser ont repris le travail et les négociations se poursuivent, mais il est devenu clair pour tous que l’entreprise devra faire des concessions importantes.