Publié le Mercredi 16 novembre 2011 à 22h41.

USA. Le mouvement Occupy Wall Street résiste aux attaques

En moins de deux mois, le mouvement Occupy Wall Street a transformé la politique américaine et donné forme au mécontentement de la classe ouvrière, caché depuis des années sous la surface de la société.Le mouvement revitalise une riche tradition de protestation publique aux États-Unis et alimente toute une série de luttes populaires. Le 2 novembre, après deux jours de manifestation à Oakland (Californie), le blocage du cinquième port des États-Unis a réintroduit l’idée de grève générale. Le mouvement inspire de nouvelles initiatives comme l’appel du mouvement de New York, en solidarité avec le mouvement syndical et d’autres forces, à une journée nationale d’action le 17 novembre. Cet appel offre la possibilité de faire reprendre l’esprit d’Oakland dans toutes les villes du pays.

Les succès du mouvement ont été chèrement acquis. Chaque semaine a apporté de nouveaux défis que le mouvement a relevé.

Lorsqu’en septembre, le maire de New York, Michael Bloomberg, a ordonné à sa police d’attaquer les marches de protestation, le nombre de personnes confluant vers le parc Zuccotti a augmenté. Quand il a voulu « nettoyer » la place, les syndicats de New York ont mobilisé de nuit des milliers de militantEs pour défendre le campement. De l’autre côté du pays, à Oakland, le maire démocrate a donné son feu vert pour un assaut de la police sur le campement des Occupy. Il a transformé le centre-ville en zone de guerre et un manifestant a été grièvement blessé. Mais les manifestantEs ont refusé cette intimidation et sont revenuEs le lendemain pour reprendre la place en votant massivement pour une grève générale, le 2 novembre, qui a été suivie par des milliers de travailleurEs, d’étudiantEs et d’autres.

Mais tous les mouvements locaux n’ont pas réussi à contrer ces attaques pour les faire taire. Le mouvement de Chicago a vu tous ses efforts pour établir un campement bloqués. Dans d’autres villes, la police a réussi à harceler et à fermer les campements. 

L’attaque furieuse des différentes institutions de l’élite américaine est la preuve de l’impact du mouvement. Il y a eu des expressions de soutien venant de nombreux dirigeants politiques, la plupart démocrates. Mais les actes parlent plus fort que les mots. Les maires démocrates ont intensifié la pression sur les campements dans tout le pays. S’ils ont subi un revers lorsque l’attaque brutale de la police d’Oakland a provoqué une contre-réaction, dans d’autres villes, le harcèlement s’est poursuivi avec des tentatives d’expulsions pures et simples.

Il y a eu aussi la campagne de diffamation. À Oakland, la couverture médiatique de la grève générale est passée d’une reconnaissance à contrecœur que des dizaines de milliers de personnes avaient fait entendre leur voix pacifiquement mais avec force, pour se transformer en dénonciations violentes d’un prétendu chaos après une confrontation de nuit entre la police et un nombre relativement faible de manifestantEs. À New York, l’offensive idéologique est menée par le New York Post de Murdoch qui, sous le titre Assez !, écrit qu’il « est temps de récupérer Zuccotti Park et la dignité de New York ». Tout mouvement social qui gagne de l’importance devient la cible de ce genre de campagne de dénigrement, conçu pour dépeindre les militants comme des fous et des fanatiques et saper le soutien du public. La haine de la New York Post doit être considérée dans ce sens comme un badge d’honneur.Soutien de la populationMais ces attaques des médias n’ont pas réussi à discréditer le mouvement, et l’opinion publique a basculé de plus en plus en sa faveur. Un récent sondage a révélé que deux fois plus de gens avaient une impression favorable des Occupy Wall Street que de Wall Street elle-même ! Ainsi, quand le New York Times écrit que le mouvement a atteint un carrefour et que des signes semblent pointer sa fin, il s’agit d’une nécrologie prématurée, si jamais il devait y en avoir une. Même là où la police a réussi à démanteler les camps, les activités et les discussions politiques continuent. Le mouvement se poursuit en prenant de nouvelles formes pour s’adapter aux différentes situations.

L’initiative du mouvement de New York, le 17 novembre, peut donner une orientation pour tous les mouvement locaux. La liste des syndicats de New York qui soutiennent cet appel est longue et s’allonge (enseignants, transports, communications, etc.). C’est la prochaine étape pour les Occupy, une nouvelle occasion de se renforcer et d’atteindre les syndicats, les organisations communautaires et au-delà.

Alan Maass, rédacteur en chef du Socialist Worker, traduction Jacques Radcliff