Publié le Mardi 27 septembre 2016 à 21h29.

USA : Show politicien, Wall Street et son monde…

Lundi, les deux principaux candidats à l’élection présidentielle du 8 novembre ont tenu leur premier débat. D’un côté la démocrate Hillary Clinton, de l’autre Donald Trump pour le Parti républicain. Le match de boxe politique a recueilli une énorme écoute aux USA et dans le monde... Un match truqué : à tous les coups, y compris les plus bas, Wall Street ramasse la mise…

Qui l’a emporté ? Est-ce le plus voyou, Trump, spécialiste des émissions de télé-réalité, milliardaire réactionnaire et raciste, ou Clinton, soutenue par tout l’establishment, plombée par son propre passé comme par le bilan d’Obama ? La discussion passionne les médias mais les travailleurs et les classes populaires, les Noirs et les minorités opprimées, étaient bien absents de ce débat. Ils n’ont pas à choisir entre la peste et le choléra.

Exacerbation du racisme

La semaine qui a précédé le show, malgré l’état de siège décrété par le gouverneur de la Caroline du Nord et le déploiement des militaires de la Garde nationale, des manifestations tournant à l’émeute ont eu lieu à l’initiative de Black lives matter pour dénoncer l’assassinat de Keith Lamont Scott, un Noir de 43 ans, par un policier à Charlotte. Les vidéos que la police a dû rendre publiques démontrent à l’évidence que rien ne peut justifier son comportement criminel. Ce meurtre est survenu deux jours après un autre crime de la police,  dans l’Oklahoma, qui a entraîné la mort de Terence Crutcher.

Ce racisme omniprésent renvoie à une dégradation globale des conditions de vie et à l’échec complet d’Obama à le combattre, mais aussi à un climat politique xénophobe et sécuritaire dont Trump s’est fait le champion. Ce dernier cherche à gagner la sympathie de l’électorat afro-américain, mais il ne peut masquer son racisme. Tout cela ce serait la faute à la drogue...

Hillary Clinton et Barack Obama jouent les bons sentiments, vantent l’unité du peuple américain pour mieux masquer leur échec. Loin de reculer, le racisme « s’institutionnalise » parallèlement à l’augmentation du taux de chômage des Afro-Américains qui est deux fois plus élevé que le taux de chômage moyen.

Attentat et démagogie sécuritaire

Ce racisme est encouragé par le climat politique créé autour des attentats qu’instrumentalise et exacerbe Trump. Les derniers attentats de New York et du New Jersey, l’arrestation du principal suspect le 20 septembre, Rahami, un Américain de 28 ans arrivé d’Afghanistan à l’âge de sept ans, qui se présente lui-même comme un djihadiste désirant mourir en martyr et fait l’éloge de Ben Laden, vient alimenter la campagne xénophobe et sécuritaire.

Pour Trump, c’est simple : il faut fermer les frontières afin de stopper l’immigration. « Nous allons devoir être très durs. […] Nous avons été faibles, notre pays a été faible. Nous avons laissé entrer des dizaines de milliers de personnes ». Il cultive la peur et les inquiétudes.

Là encore, Clinton et Obama n’ont d’autre réponse que les bons sentiments : « Souvenez-vous que des millions et des millions d’Américains sont des citoyens naturalisés venus du monde entier. Il y a des millions d’Américains musulmans pacifiques et qui n’ont aucun problème avec la loi. […] Surtout, je veux dire aux Américains : Soyons vigilants, n’ayons pas peur. » Ils font la morale aux classes populaires mais n’ont aucune réponse face à leur catastrophique bilan alors qu’Obama poursuit les guerres de Bush.

Les 99 % contre les 1 %

Clinton n’est pas plus crédible sur ce terrain que quand elle prétend avoir une politique sociale progressiste face au protectionnisme, « First America », de Trump. Sous la présidence d’Obama, la prétendue reprise économique s’est accompagnée d’un accroissement des inégalités et d’une dégradation des conditions de travail et de vie.

La démagogie de Trump se nourrit des déceptions engendrées par la politique d’Obama. Le vote pour Clinton ne s’oppose en rien à la menace qu’il représente. Pour s’opposer au recul social et politique, les travailleurs, les classes populaires, les Afro-américains, les minorités opprimées, ont besoin d’une claire conscience de leurs propres intérêts de classe. La politique du moindre mal, le vote Clinton, est le plus court chemin pour aggraver le mal. La seule réponse à l’offensive de Wall Street, est de s’organiser, se mobiliser pour enrayer la régression sociale, le racisme, l’insécurité, mettre fin aux guerres, défendre une politique pour les 99 %.

Yvan Lemaitre