Publié le Jeudi 15 juin 2017 à 12h42.

USA : Trump discrédité... mais pas pour les banquiers !

Le nouvel épisode de la série américaine dans laquelle Trump s’est attribué le premier rôle vient de connaître un record d’audience, mieux paraît-il que le Super Bowl, la finale du championnat de football américain...

L’affrontement entre Trump, le FBI et les Démocrates a franchi une étape avec l’audition de James Comey, ex-directeur du FBI, par la commission du renseignement du Sénat en charge de l’enquête sur « les efforts de la Russie pour interférer dans le processus électoral » et le rôle du Président élu dans cette affaire.

L’impeachment n’est pas à l’ordre du jour

James Comey a été limogé par Trump le 9 mai dernier pour ne pas s’être plié à ses demandes. En effet, si le Congrès donne un mandat de dix ans au directeur du FBI pour qu’il soit indépendant du président, celui-ci a le pouvoir de le limoger sans même s’en justifier. Étrange indépendance ! 

Comey a confirmé durant son audition la déclaration remise avant sa comparution, décrivant la pression exercée par Trump afin d’obtenir « sa loyauté », c’est-à-dire qu’il se plie à la demande du président de « laisser tomber ça » à propos de la démission de l’ancien conseiller à la Sécurité nationale Flynn. « J’espère que vous jugerez bon de laisser tomber, de laisser Flynn tranquille. » Ce dernier avait été démissionné à cause de ses conversations avec l’ambassadeur russe Sergueï Kislyak dont il n’avait rendu aucun compte.

Le témoignage de Comey a aussi laissé planer le doute sur les relations entretenues avec des responsables russes par l’attorney general, le ministre de la Justice américain Jeff Sessions, un proche de Trump. Il a laissé Trump hors des suspicions concernant d’éventuels  rapports avec la Russie ou sur le fait qu’il aurait pu lui demander d’abandonner l’enquête, tout en l’accusant de mensonges et de diffamation à son égard, ce qui lui a valu d’être traité de « balance »

Au bout du compte, beaucoup de bruit pour bien peu : du moins, rien qui ne puisse déboucher sur une procédure d’impeachment, même si l’attitude de Trump le discrédite chaque jour un peu plus dans l’opinion.

Au service des banques

Pendant ce temps, la Chambre des représentants a voté jeudi dernier la réforme de la loi Dodd-Frank de 2010 sur la régulation bancaire, ouvrant ainsi la voie à une refonte ou une suppression des maigres restrictions imposées à Wall Street, après la crise financière de 2007-2009. La proposition de loi, « Financial Choice Act », a été adoptée par 233 voix contre 186. Elle laisse 120 jours à Steven Mnuchin, ancien cadre de Goldman Sachs désormais secrétaire au Trésor, pour pondre une nouvelle loi. Les banquiers ont salué le vote « comme une importante étape vers une réforme de la régulation très attendue qui permettra aux banques de mieux servir leurs clients et leurs communautés ». Et surtout de mieux servir leurs propres intérêts et profits...

Les véritables abus de pouvoir et mensonges de Trump ne seront de toute façon pas sanctionnés par le Sénat. Il reste bien l’homme des banquiers et des multinationales, et il est clair que seule l’intervention des travailleurs et de la jeunesse pourrait bousculer la donne. L’impeachment viendra de leurs mobilisations.

Yvan Lemaitre