Publié le Lundi 12 octobre 2015 à 19h19.

Valls, le VRP qui rêvait d’être président...

Une poignée de mains pour quelques navires de guerre… A peine arrivé au Caire pour la première étape de sa tournée dans le Moyen-Orient, Valls a conclu l'accord visant à recycler auprès de l’Egypte les deux Mistrals qui n’avaient pas été livrés à la Russie. Le tout serait estimé entre 910 et 950 millions d’euros, en grande partie financés par l’Arabie saoudite. Cela vient après l’achat en février 2015 par Le Caire de 24 avions de chasse Rafale ainsi que d’une frégate multi-missions Fremm et des missiles de courte et moyenne portée. « C’est un très grand motif de satisfaction […] et la preuve de la densité, de la confiance de notre coopération que nous allons prolonger car nous avons besoin d’une Egypte forte », a commenté Valls affublé du ministre de la défense, du secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement, de la présidente de la commission des affaires étrangères à l’Assemblée nationale et d'une vingtaine de grands patrons... « Nous investissons en Egypte plus de 6 milliards d’euros », a précisé le premier ministre. « L’Egypte est un partenaire central et indispensable pour traiter les problèmes de terrorisme (...) la France croit en l’Egypte, en sa stabilité et en son développement, notamment démocratique ». La nature démocratique de la dictature militaire qui sévit en Egypte, présidée par le général Sissi n'a échappé à personne. De toute évidence Sissi est le genre de démocrate surtout soucieux d'acheter… des armes.

Terrorisme et vente d'armes

L'intérêt qu'accordent les grandes puissances, en premier lieu les USA , à l'Egypte vient du rôle qu'elle peut jouer à leur service pour rétablir un minimum de stabilité au Moyen Orient, en Libye, en Syrie aussi. D'autant qu'elle entretient des liens avec la Russie. Une “solution politique” suppose d'“impliquer l'ensemble des partenaires (et) cela passe aussi par un dialogue avec la Russie”, a déclaré Valls à propos de la Syrie lors d'une conférence de presse. Russie qui soutient Bachar al Assad avec lequel le gouvernement français prétend ne pas vouloir composer…

Après le général Sissi, c'est le roi Abdallah qui a accueilli Valls à Amman en Jordanie où quelque 630.000 Syriens vivent dans un pays de 6,5 millions d'habitants. Nous sommes loin des quelques milliers de réfugiés que la France répugne à accueillir ! Où sont aussi basés une partie des avions français engagés depuis un an en Irak et depuis le 27 septembre en Syrie.

Puis Valls a été reçu par le prince héritier Mohamed ben Nayef à Ryad en Arabie saoudite où il a participé à un forum d'affaires franco-saoudien avec environ 200 patrons français. Des contrats “conséquents”, notamment dans l'aéronautique, auraient été conclus notamment pour Airbus Helicopters pour des hélicoptères militaires. L'Arabie saoudite se serait dite intéressée par l'achat de navires de projection et de commandement de type Mistral, de quatre frégates multimissions Fremm ainsi que par l'achat d'équipements de renseignement militaire par satellite auprès de Thales. Sans oublier deux réacteurs de type EPR conçus par Areva.

On le voit le Premier ministre, qui cherche à se donner une dimension internationale de futur chef d'Etat, a bien du mal à parler d'autre chose que de canons et autres engins de morts pour le plus grand profit de Dassault, Thales and Co... Porté par son courage, il aurait, parait-il, osé demander “un geste de grâce” pour le jeune chiite Ali al Nimr, condamné à être pendu et crucifié pour avoir manifesté contre le régime saoudien alors qu'il était mineur.

Le « développement démocratique » n'est décidément pas la préoccupation de Valls ou du gouvernement français. Leurs proclamations contre Daech en sont bien loin. Les grandes puissances ne se soucient que de rétablir un minimum de stabilité qu'elles ont elles mêmes fait voler en éclats  pour continuer à faire des affaires pour le profit des multinationales et de l'industrie d'armement.

Yvan Lemaitre