Dimanche prochain, les Vénézuéliens sont de nouveau appelés aux urnes, dans le cadre d’un référendum visant à réformer la Constitution. Hugo Chavez souhaite que chaque élu en place puisse être de nouveau candidat à la fin de son mandat.
Jusqu’ici, la Constitution prévoyait de limiter à deux le nombre de mandats consécutifs. Si l’amendement proposé par le président vénézuélien est adopté, cela signifie notamment qu’il pourra de nouveau être candidat à la fin de son mandat actuel. L’amendement est donc loin d’être anodin, et un rejet populaire porterait un coup fatal à Chavez.
On peut tout d’abord se demander pourquoi Chavez a décidé de mettre à l’ordre du jour cette question si rapidement, alors qu’il lui reste encore quatre ans à gouverner. Il y a fort à parier que les résultats des dernières élections fédérales et municipales l’y ont incité. En effet, si les chavistes ont gagné 17 des 23 États qui étaient en jeu, la perte de l’État de Miranda (où se situe Caracas) et celle du Grand Caracas ont été vécues par l’opposition comme une grande victoire (lire Rouge n° 2276). Tactiquement, l’idée de Chavez est sans doute de ne pas laisser à l’opposition le temps de profiter et de capitaliser cette victoire. Comptant sur l’aura que représente encore son nom pour de nombreux Vénézuéliens, Chavez, en proposant un référendum lui permettant de se présenter de nouveau à la fin de son mandat, cherche sans doute à remobiliser les troupes. À ceux qui pensent que la campagne est courte (elle aura duré un petit mois), Chavez rétorque qu’il a tiré les leçons du référendum perdu de décembre 2007 et qu’il ne veut pas laisser le temps à l’opposition de « pourrir » la campagne. Enfin, si ce vote se déroule si tôt dans l’année, c’est avant pour éviter que les conséquences économiques de la crise financière ne viennent perturber la campagne électorale.
Si Chavez semble donc avoir bien calculé son coup, rien ne lui garantit de gagner ce nouveau référendum. La victoire de l’opposition, en décembre 2007, la première en dix ans, a fait sauter des tabous. Le fait de remporter six États lui donne, par ailleurs, des ressources financières qu’elle n’hésite pas à jeter dans la bataille pour le « non ». Quant aux chavistes, ils souffrent d’une gestion qui a parfois du mal à régler les problèmes quotidiens des Vénézuéliens.
Bien sûr, l’anniversaire des dix ans de la révolution arrive à point nommé pour rappeler les avancées et les progrès dus au processus bolivarien. Mais rien n’indique que cela soit suffisant pour remporter cette nouvelle consultation. S’il y a fort à parier que l’opposition ne progressera pas et se maintiendra aux alentours de 4 millions de voix, la grande inconnue sera la capacité de mobilisation du camp chaviste. En cas de forte abstention, et donc de défaite, plus qu’un simple échec de Chavez, c’est un coup qui pourrait s’avérer fatal au processus bolivarien.
De Caracas, Fernando Esteban