Publié le Mercredi 3 septembre 2025 à 11h00.

Le 10 septembre on bloque tout, le 18 on continue !

La crise politique s’accélère à l’approche du vote de confiance du 8 septembre, qui pourrait faire tomber le gouvernement Bayrou. Deux dates de mobilisation émergent : le 10 septembre pour « tout bloquer » et le 18 septembre à l’appel de l’intersyndicale. L’enjeu : construire un mouvement durable et offensif.

Depuis l’annonce du vote de confiance pour le 8 septembre, et la probable chute consécutive du gouvernement, la crise politique ne cesse de s’approfondir en France. Il faut d’abord en prendre la mesure : si Bayrou tombe, quatre Premiers ministres se seront succédé depuis 2022, un record sous la 5e République. Bayrou s’est ainsi vu obligé de rassurer un patronat très inquiet à l’université d’été du Medef. Dans les rangs de la majorité, certains appellent déjà à reculer sur la suppression des deux jours fériés, comme Bruno Retailleau ou Yaël Braun-Pivet. 

Le bal des prétendants au fauteuil de Premier ministre a déjà commencé, depuis Darmanin jusqu’au Parti socialiste qui se déclare, seul et en dehors de l’alliance moribonde du NFP, prêt à gouverner. La possible dissolution de l’Assemblée nationale pourrait de reconduire une assemblée tripartite sans majorité claire ou d’ouvrir davantage la voie à l’extrême droite.

L’heure n’est pas à chercher des réponses institutionnelles ou électorales à la crise, elle est à l’organisation et au développement de la mobilisation. Les réunions et assemblées qui se tiennent dans de nombreuses villes connaissent une dynamique ascendante et témoignent de la colère et de la détermination des participantEs.

En somme, la crise politique continue et s’aggrave. Tout repose sur notre capacité à la faire exister et à l’approfondir dans la rue.

L’appel à « tout bloquer » le 10 septembre

L’appel à « tout bloquer » le 10 septembre est bien sûr un point d’appui pour cela. La composition sociale et politique du mouvement a été analysée par le politologue Antoine Bristielle, à partir des réseaux sociaux de la mobilisation, sur les réponses d’un millier de personnes1. Il en ressort que même si 27 % d’entre elles étaient Gilets jaunes en 2019, leur composition sociologique est différente. Il s’agit de personnes clairement politisées à gauche : aux dernières présidentielles, 70 % ont voté LFI, 10 % NPA. Elles ont ensuite un profil plus jeune, mieux intégré et plus diplômé que la moyenne. Néanmoins, certains liens peuvent être faits avec les Gilets jaunes — ainsi, les personnes mobilisées proviendraient plus des petites et des moyennes communes que des métropoles, exprimeraient une grande défiance vis-à-vis de la politique traditionnelle, en particulier des partis, et hésiteraient sur leurs buts et leurs moyens d’action (lire page 10).

LFI s’est tout de suite insérée dans cette mobilisation en appelant à la grève générale pour le 10 septembre. Plus récemment, Solidaires, la CGT et la FSU s’y sont jointes. L’intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, FSU, Solidaires) a réussi quant à elle à se reconstituer de manière unitaire et à sortir un communiqué et un appel commun à la mobilisation pour le 18 septembre. Bien que l’inter­syndicale ne soutienne pas explicitement la date du 10, ce qui est regrettable, il faut se saisir de la date du 18 car le projet de loi de finances ne tombera pas le 10 au soir. Les deux dates ne doivent pas être construites en opposition, mais ensemble, ce qui implique aussi que l’intersyndicale, de même que l’ensemble de la gauche sociale et politique, s’empare de la date du 10.

Tout l’enjeu est donc de construire dans la durée, au plus près des collectifs de travail et à travers l’auto-organisation un mouvement puissant qui puisse gagner sur nos revendications. En un mot : le 10 on bloque tout, et le 18 on continue !

Le 10 septembre, une étape clé dans un mouvement encore à construire

Face à une telle crise politique, à une telle accélération de la situation, le signal doit être donné que c’est le moment d’y aller, toutes et tous ensemble ! Le mouvement va s’inscrire dans la durée. Nous devons donc construire les cadres d’auto-organisation : sur nos facs, sur nos lieux de travail, dans nos quartiers, nous constituons les AG de celles et ceux qui luttent et se mettent en grève. Sans tomber dans la substitution : c’est bien sûr aux grévistes de décider des suites de leur grève. Enfin, nous devons donner un horizon politique à la mobilisation. Après Bayrou, Macron doit tomber. Mais au-delà, le NPA portera la nécessité d’en finir avec la 5e République et d’en appeler à une Constituante. La base pour cela, ce sera bien sûr les organes d’auto-organisation qui auront émergé de la mobilisation.

C’est pourquoi le NPA sera de toutes les luttes de ce mois de septembre. Le 10 n’est qu’un début, construisons la suite !

Comité exécutif du NPA-l’Anticapitaliste