Aux États-Unis, il n’y a pas que la campagne électorale... Le 13 avril, une grève massive a débuté chez Verizon, une entreprise de télécommunication employant 39 000 salariéEs. La société qui réalise des profits considérables (39 milliards de dollars durant les trois dernières années) veut néanmoins toujours plus délocaliser et développer la sous-traitance, avec comme résultat recherché une baisse du taux de syndicalisation, tombé de 70 % en 2005 à 27 % aujourd’hui. Verizon veut aussi pouvoir imposer à ses salariéEs d’être affecté à des postes éloignés de leurs domiciles jusqu’à deux mois consécutifs. La convention collective de l’entreprise a expiré le 1er août et, depuis, les négociations n’ont pas avancé. En 2011, les travailleurEs de Verizon avaient été en grève durant deux semaines, sans rien gagner de significatif du fait d’une stratégie défaillante des sommets du syndicat qui ne s’étaient pas préparés à une grève dure.
Toutes les catégories de salariéEs de l’entreprise sont dans la grève et participent aux piquets auxquels se sont joints des retraitéEs (également concernés par les négociations sur la nouvelle convention). Dès le début de la grève, Bernie Sanders est venu assurer les travailleurs de son soutien. Plus surprenant, Hillary Clinton s’est aussi manifestée pour demander l’ouverture de « véritables négociations ». Jusqu’à présent, elle s’affichait plus en compagnie des riches soutiens de sa campagne (dont certains figurent dans les fameux Panama Papers...). Pourtant, comme les candidats démocrates antérieurs, elle bénéficie du soutien (y compris financier) de la majeure partie des directions nationales des syndicats... un soutien accordé sans consultation de la base.
La grève de Verizon n’est pas un fait isolé. Avec plus de 2 000 participantEs, la conférence de 2016 du courant de la gauche syndicale américaine Labor Notes a été un succès. Les luttes récentes – pour le salaire minimum à 15 dollars, des enseignantEs de Chicago et Los Angeles ou des travailleurs agricoles de Californie – montrent que la vieille taupe de la lutte des classes continue à travailler sous terre.