Publié le Dimanche 6 novembre 2016 à 07h35.

Vers un nouveau rêve américain, le socialisme…

Non seulement le capitalisme et l’hyperpuissance américaine victorieux après la chute du Mur de Berlin n’ont pas apporté le progrès, la paix et la démocratie promis, mais ils ont perpétué leur règne par la guerre...

La stratégie du chaos de Bush a complètement déstructuré le monde, enlisant les États-Unis et leurs alliés dans des guerres sans fin alors que « l’exubérance financière » plongeait l’économie mondiale dans une crise endémique. Obama n’a fait que démontrer la vanité de ses déclarations d’intention. La grande Amérique n’est plus, le rêve américain a laissé la place à un cauchemar dont Trump et ses amis d’extrême droite sont aujourd’hui l’incarnation.

Mais derrière le grand barnum politicien des classes dirigeantes, se déroulent d’autres évolutions profondes au cœur de la société américaine. Le « melting pot » continue son travail pour en finir avec une société où les Blancs dominaient, au profit d’une société de plus en plus multiraciale et multiculturelle. La vieille Amérique a épuisé son pouvoir messianique, et un « nouveau rêve américain » pourrait naître du développement de la crise en cours en lien avec les bouleversements qui touchent l’ensemble de la planète.

Sanders a symbolisé la polarisation en cours en dénonçant l’écart grandissant entre les riches et le reste de la population. Il a invoqué une « révolution politique », attaquant les grandes banques, promettant de les briser, et remettant à l’ordre du jour la question du socialisme.

Certes, Sanders a attiré la colère des travailleurs, mobilisé les jeunes contre les maux de cette société... pour les ramener derrière le Parti démocrate. Mais au-delà de sa stratégie personnelle, il a exprimé l’évolution qui se déroule au cœur de la vieille Amérique : l’émergence d’une nouvelle génération, souvent appelé les millennials, la génération du 21e siècle qui a connu le 11 septembre 2001, la crise de 2007-2008 et qui a participé au mouvement qui avait porté Obama au pouvoir.

Pour un parti des travailleurs

Depuis l’explosion en novembre 2011 d’Occupy Wall Street contre le pouvoir de l’oligarchie financière, un renouveau militant s’est manifesté à travers le pays. La grève des enseignantEs de Chicago en 2012 en aura été une des manifestations, ainsi que la remise en cause en 2015 par les travailleurs de l’automobile de leurs contrats avec Chrysler, General Motors (GM) et Ford (ce qui n’était encore jamais arrivé durant les 79 ans d’existence du syndicat de l’automobile, l’UAW). La lutte victorieuse pour le salaire minimum à 15 dollars dans plusieurs États dont la Californie, à New York ou Seattle, fait tache d’huile. Renouveau du militantisme, enfin, au sein de la communauté noire contre le racisme et les discriminations. Une autre Amérique se dessine, prend la parole, agit. Elle est multiraciale et multiculturelle, et les femmes y sont au premier rang.

Ces évolutions remettent à l’ordre du jour la construction d’un parti des travailleurs qui puisse être leur représentation politique du point de vue de leurs intérêts de classe, pour donner à toutes les mobilisations une unité. Un programme aussi, le socialisme, non à la Sanders pour seulement limiter les pouvoirs du capital, mais un socialisme qui naisse d’une révolution politique et sociale pour socialiser les grands moyens de production et d’échange afin de satisfaire les besoins sociaux, culturels, écologiques de toute la population, en s’appuyant sur les immenses progrès techniques réalisées.

C’est possible, et même indispensable pour enrayer la réaction enfantée par l’offensive des classes capitalistes à laquelle Trump a donné une nouvelle impulsion.

Yvan Lemaitre