Pour avoir visionné un reportage sur les révolutions tunisienne et égyptienne lors d’une réunion organisée par International Socialist Organisation (ISO) le samedi 19 février, sur le campus d’Harare, 46 personnes sont emprisonnées et accusées par le pouvoir de trahison et de tentative de renverser le gouvernement par des moyens anti-constitutionnels. Ces accusations extrêmement graves sont punies d’une peine pouvant aller jusqu’à la peine de mort. Parmi les participants figurent des syndicalistes et des militants étudiants. Au moins sept personnes ont été torturées pendant les deux premiers jours de leur incarcération. Certains prisonniers sont malades et on leur refuse leur traitement quotidien pourtant vital.
Un fois de plus, le pouvoir de Robert Mugabe, au-delà de son vernis anti-impérialiste, révèle sa vraie nature: une dictature dont le seul but est l’enrichissement de son clan au détriment de toute la population.
Depuis quelques semaines, sur l’ensemble du pays, on assiste à une recrudescence de violences contre les militants syndicalistes ou des droits de l’homme mais aussi des militants des partis opposés comme le Mouvement Démocratique pour le Changement (MDC) dirigé par Tsvangirai actuellement premier ministre. En effet, si le MDC participe au gouvernement suite à l’accord de fin du conflit électoral de février 2009, la ZANU-PF de Mugabe contrôle les ministères clefs comme ceux de l’Intérieur et de la Justice. Robert Mugabe a déclaré qu’il était prêt à aller aux élections cette année, ce qui se traduit concrètement sur le terrain par des attaques violentes contre les participants des initiatives de l’opposition. Souvent, la seule action des forces de police est d’emprisonner les victimes de ces violences. Encore récemment, les militants du Forum des Jeunes qui les personnes à s’inscrire sur les listes électorales, ont été victimes d’attaques violentes de la part des milices du pouvoir. Désormais, les similitudes sont telles entre les dictatures arabes qui viennent de s’écrouler et celle de Mugabe, que les dirigeants de la ZANU –PF sont désormais sur les dents.
Déjà, la solidarité s’organise un peu partout. La puissante confédération syndicale d’Afrique du Sud proteste contre cet emprisonnement, idem pour le SAMWU, le syndicat des salariés municipaux. Une manifestation a déjà été organisée le 3 mars à Johannesburg devant le consulat du Zimbabwe. Au Nigeria, un appel de personnalités vient d’être lancé, on y trouve des syndicalistes comme le secrétaire général du Trade Union Congress ou le secrétaire national du parti travailliste. En Grande Bretagne, nombre de professeurs d’université ont protesté dans une lettre publié par le Guardian. Human Right Watch (HRW) vient de publier une déclaration, relayée par Reporter Sans Frontières pour dénoncer ces atteintes aux droits humains. Le NPA s’associe à cette campagne et appelle l’ensemble des organisations ouvrières et démocratiques à exiger l’abandon des charges et la libération immédiate et sans conditions des personnes détenues, en envoyant message et motion à l’ambassade du Zimbabwe : 12 rue Lord Byron, 75008 Paris (courriel: zimparisweb@wanadoo.fr ou fax: 01 56 88 16 09).
Paul Martial