À l’heure où les étudiantEs subissent de plein fouet la précarité et le manque de moyens dans l’université, et alors que les seules mesurettes concédées ont été un repas CROUS à un euro et des chèques psy (pour trois séances seulement), Frédérique Vidal était invitée sur la chaîne réactionnaire C-News. On pouvait s’attendre à de la langue de bois, mais c’est même une offensive digne de l’extrême droite à laquelle nous avons eu droit.
Alors que la mobilisation étudiante a fait entendre les revendications telles qu’une hausse du budget dans l’Enseignement supérieur, et que les enseignantEs-chercheurEs se sont largement mobilisés contre la LPR depuis un an, que répond la ministre de l’ESR ? Bien aidée par un intervieweur octogénaire larbin de la bourgeoisie depuis les années 1960 ? Eh bien il faut lutter contre « l’islamo-gauchisme » dans les facs et au-delà, comme le sous-entendait le Figaro la veille. Cette réponse traduit tant un mépris profond pour les étudiantEs qu’une politique générale qui vise à stigmatiser et à réprimer les musulmanEs et le mouvement social.
Quelques jours auparavant, le ministre Darmanin et la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen se jetaient des fleurs à la télévision, préparant un second tour Macron-Le Pen en 2022 tout en assumant leur proximité. Dans le même temps était débattue au Parlement la loi « séparatisme », islamophobe, qui vise à stigmatiser les musulmanEs ou assimiléEs comme tel, en les amalgamant à des terroristes réactionnaires. Cette offensive islamophobe et plus largement raciste doit être combattue.
Une offensive réactionnaire globale
Le terme « islamo-gauchisme », bien connu de l’extrême droite, chez laquelle le gouvernement puise sans gêne son inspiration, est à la fois une stigmatisation des musulmanEs ou assimiléEs comme tel et une attaque globale contre les militantEs progressistes. En voulant limiter et contrôler les chercheurEs qui ne font qu’étudier et révéler la violence et l’ignominie du passé colonial de la France, ou en attaquant des militantEs antiracistes, le gouvernement se place du côté de la bourgeoisie qu’il défend et de l’extrême droite avec qui il marche main dans la main.
Il faut refuser les lois liberticides, racistes, islamophobes ou toute enquête du CNRS commanditée par Vidal. Les ingérences du gouvernement pour réprimer ou brider les chercheurE qui s’intéressent aux classes sociales, au genre ou au concept de « race » se placent dans la droite lignée de la répression qu’on connaît dans les facs. Régulièrement, des syndicats étudiants progressistes sont visés. En 2018 et 2020, Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’UNEF, a été la cible d’attaques du gouvernement, de la presse bourgeoise et de l’extrême droite car elle porte un voile et lutte contre la sélection à l’entrée de la fac. Dans le même temps, le gouvernement annonçait son intention de criminaliser, par la loi, les blocages de facs, en les punissant de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. De la même manière, plusieurs procès ont visé des militants de l’UNEF et du NPA à l’université Paris-Nanterre. Le 15 février dernier, Ayoub, Barth, Selim et Victor sont ainsi passés en procès pour avoir voulu inscrire des étudiantEs « sans-facs » en 2019.
Face à cette situation, il est plus que nécessaire de retrouver le chemin de la rue, et de refuser la répression ou les lois racistes et liberticides qui divisent notre camp social !
Une prochaine date de mobilisation dans la jeunesse est prévue le 16 mars. Nous devons nous atteler à la construction d’assemblées générales et de cortèges étudiants afin de faire entendre nos voix, obtenir la réouverture des facs, lutter contre l’islamophobie et mettre un coup d’arrêt à ce gouvernement, son inaction et ses propos réactionnaires !