La rentrée universitaire 2017-2018 restera comme une des pires en matière d’affectation des néobachelierEs dans l’enseignement supérieur.
À la mi-juillet, le ministère a annoncé que jusqu’à 87 000 diplôméEs du bac 2017 n’avaient toujours reçu aucun avis positif sur l’application Admission post-bac (APB). Ce chiffre serait tombé au 1er septembre à 6 000 (30 % de plus que l’année précédente). Si la baisse peut paraître spectaculaire, permettant à la ministre Frédérique Vidal de se réjouir de l’action efficace de ses services, il s’agit néanmoins d’un trompe-l’œil.
Des filières jugées inutiles car non rentables
En effet, la plupart des formations « en tension » n’ont pas rouvert leurs portes en procédure complémentaire, c’est-à-dire après le tirage au sort des heureux éluEs qui ont comblé les places disponibles. Ce qui signifie que les dizaines de milliers de lycéenEs qui ont disparu de l’application APB pendant l’été ont préféré s’inscrire dans une filière non désirée plutôt que de ne rien faire pendant un an. Pire, plus de 11 000 se sont carrément désinscrits d’APB ! Soit un nombre, difficile à estimer, mais assurément très important, de personnes qui ne seront pas inscrites cette année dans la filière de leur choix.
Les arguments avancés sont nombreux pour justifier cet état de fait, mais le principal reste celui de la mauvaise orientation à la sortie du lycée. Le bac constitue encore dans la loi le premier diplôme du supérieur (et non le dernier du secondaire), ce qui permet à chaque titulaire de postuler dans une filière universitaire sans devoir passer par un mécanisme de sélection. Mais sous couvert de cadre budgétaire contraint et d’arrivée à la fac du « baby-boom de l’an 2000 », le message envoyé est le suivant : il faut sélectionner à l’entrée de l’université car on ne peut plus se permettre d’avoir un afflux de milliers d’étudiantEs qui vont échouer ou remplir des filières jugées inutiles quant aux besoins de l’économie. Car tel est bien l’objectif depuis deux décennies : adapter la structure de l’université, le contenu des formations et des programmes de recherche aux réalités économiques et aux intérêts du patronat. L’apprentissage du savoir n’est utile que si c’est un savoir exploitable immédiatement après obtention d’un diplôme. La recherche scientifique n’a d’autre but que l’application au processus de production industriel.
Mobilisation contre la sélection
Malgré tout, face à ce rouleau compresseur ultracapitaliste, des résistances doivent se construire. Cela passe par la construction quotidienne d’une mobilisation contre la volonté de sélection et d’orientation forcée que veut imposer le nouveau gouvernement. À Nanterre, à Montpellier ou encore à Toulouse, des campagnes pour l’inscription des étudiantEs sans facs s’organisent pour revendiquer l’ouverture des filières à toutes et tous, sans prérequis ni sélection. Cela doit préfigurer un mouvement d’ensemble des jeunes pour le droit à l’éducation et contre le pouvoir du privé dans nos universités. C’est la seule solution pour inverser le rapport de forces et se préparer à infliger une défaite durable au pouvoir de Macron, qui nous promet un programme de casse sociale dans tous les domaines. Opposons-lui la riposte unitaire de la jeunesse et du monde du travail !
Robin Roudoudou