Le SNU (service national universel), qui est un retour discret du service militaire, est en passe d’être généralisé.
Le SNU a été mis en place en 2019. Il consiste à regrouper des milliers de jeunes lors de « séjours de cohésion » (au programme : levée de drapeau, Marseillaise, garde-à-vous…), suivis d’une « mission d’intérêt général » (autrement dit, du travail déguisé en bénévolat). Pour le moment basé sur le volontariat, le SNU serait la voie permettant aux jeunes de « s’engager». S’engager pour la patrie et pour l’armée, donc. Quid de l’engagement des jeunes, acteurEs des mobilisations climat ces dernières années, pour une planète vivable libérée de l’oppression capitaliste, raciste, sexiste et validiste ? Depuis l’annonce de sa mise en place, le SNU est largement critiqué et décrié.
Rendre le SNU obligatoire
D’après une note du ministère de l’Éducation nationale révélée par Politis, un nouveau projet autour du SNU consisterait à contraindre touTEs les élèves de seconde (et les élèves de première CAP) d’y passer 12 jours durant leur temps scolaire. Ce projet serait expérimenté dans six département : le Cher, les Hautes-Alpes, les Vosges, le Finistère, la Dordogne et le Var, au sein desquels le SNU deviendrait donc obligatoire. Le coût serait de deux milliards d’euros annuels. L’objectif étant le suivant : rendre le SNU obligatoire, partout, d’ici 2026.
Ne nous y trompons pas, le projet reste le même que celui du service militaire, quoique plus insidieux : embrigader la jeunesse, nous apprendre l’obéissance, la discipline et l’amour de la patrie. Cette normalisation de l’esprit militaire fait d’ailleurs écho au récent débat sur le port obligatoire de l’uniforme scolaire.
Nous le savons, le manque de moyens liés à l’école, et les différentes contre-réformes comme celle des retraites ne nous offrent plus de perspectives d’avenir désirables. Dans ces conditions, et à un moment si crucial de notre développement, en pleine période scolaire, quel recul critique pourrons-nous avoir ?
Mise au pas généralisée ?
La jeunesse paie les frais des politiques antisociales des gouvernements successifs. Destruction du service public de l’éducation avec Parcoursup et la réforme du BAC, conditions d’enseignement et d’études dégradées, gratuité réelle de l’éducation non garantie… Dans ce contexte, la priorité du gouvernement pour la jeunesse scolarisée est bien claire : celle de la mise au pas généralisée.
Pour le moment, le gouvernement n’a pas pris officiellement la parole pour détailler ou valider le projet. La prise de décision finale par Macron devait se faire en janvier, mais ne cesse d’être reportée. Nous nous doutons bien qu’en plein mouvement social historique contre la réforme des retraites, le gouvernement craint une explosion des colères.
Donnons-leur raison : contre la militarisation et l’embrigadement, reste à construire une mobilisation d’ampleur contre le SNU !