Interrogé par Jean-Pierre Pernaut il y a quelques jours, le président Macron avait à peine parlé des étudiantEs, se contentants de dénoncer les « professionnels du désordre » et d’inviter les étudiantEs à ne pas compter sur un « examen en chocolat ». Dimanche dernier, face à Plenel et Bourdin, Macron a encore une fois expliqué que la mobilisation était le fruit d’une poignée de militants radicaux.
Droit dans ses bottes, Macron a affirmé que dans l’ensemble des universités occupées les étudiantEs étaient « minoritaires ». Dès lors, pour justifier l’absence d’intervention policière sur l’université de Tolbiac, Macron devait nécessairement contourner la réalité, arguant que, le bâtiment étant « une tour », il était « dangereux de faire intervenir les forces de l’ordre. » Un argumentaire mobilisé par le Figaro quelques jours plus tôt, qui sert à masquer la réalité du poids politique grandissant de l’université parisienne occupée depuis maintenant trois semaines.
Convergence en actes
Exemple frappant, la veille au soir Tolbiac vibrait au son des interventions des cheminotEs et d’un concert à l’occasion de la « Fête de soutien aux cheminotEs » organisée par les occupantEs. La soirée a permis de recueillir près de 6 000 euros pour la caisse de grève. Avec au moins un millier de personnes présentes, l’énorme succès de la fête a ainsi confirmé le caractère central de Tolbiac dans la « convergence des luttes » dont on a si souvent entendu parler ces dernières semaines.
Depuis le début de l’occupation, le centre Pierre-Mendès-France (PMF, rue de Tolbiac) accueille de nombreux travailleurEs en lutte, qu’ils et elles soient cheminotEs, postierEs ou hospitalierEs. Vendredi 13 avril, une manifestation appelée par Sud Rail a débuté devant Tolbiac et a vu tout simplement fusionner les cortèges étudiantEs et cheminotEs venus des gares et facs d’Île-de-France. En dépit de l’annulation des cours, de nombreux enseignantEs et intellectuels continuent d’animer les lieux. Toutes les menaces d’expulsion policière ont donné lieu à des élans de solidarité extraordinaire, réunissant à chaque fois plusieurs milliers de personnes pour -protéger la fac ouverte.
Macron pourra nier tant qu’il le voudra la « coagulation des luttes » en cours, la taille des AG et l’ampleur des rassemblements de soutien témoigne à eux seuls de l’extension du mouvement des travailleurEs et des étudiantEs contre le gouvernement. Pour continuer d’empêcher toute inter-vention policière à Tolbiac, il s’agit de poursuivre le travail de construction d’une mobilisation en convergence avec les -travailleurEs en lutte.
Pablo Morao