Publié le Mercredi 15 mai 2024 à 18h00.

Le gouvernement veut faire taire la jeunesse… sur la Palestine aussi

Avec l’intervention de l’État d’Israël à Rafah, le mouvement étudiant en cours s’est durci. La répression aussi s’est accrue. Pas moins de 88 étudiantEs ont été en garde à vue suite aux occupations des facs à Paris le 7 mai.

 

À la suite des mouvements contre le massacre en Palestine dans les universités américaines, des blocages et campements ont commencé dans les grandes écoles françaises ces trois dernières semaines, notamment dans les ENS (écoles normales supérieures) et les écoles Sciences-Po.

Après l’intervention de la police à Sciences-Po Paris en pleine nuit le 25 avril, il est devenu clair que le gouvernement serait prêt à user de la force pour faire taire le soutien à la Palestine. Lundi 29 avril à midi, les étudiantEs de la Sorbonne ont une première fois occupé en installant un campement dans la cour d’honneur. Le rectorat a alors envoyé la police immédiatement pour évacuer de force le campement.

Le but des étudiantEs était d’obliger la direction à entamer un dialogue sur la question des partenariats avec les facultés israéliennes et les entreprises complices du génocide. 

Sciences-Po avait misé sur un débat pour apaiser la situation. En vain, le 2 mai, certainEs étudiantEs ont décidé d’entamer une grève de la faim alors même qu’une énième manifestation étudiante pro-palestine était nassée dans le Quartier latin.

Durcissement du mouvement et intervention à Rafah 

Mardi 7 mai vers 18 heures, une centaine d’étudiantEs ont commencé l’occupation d’un ­amphithéâtre à la Sorbonne, une nouvelle fois pour pousser la fac à entamer le dialogue et pour alerter sur l’invasion de Rafah qui venait de débuter.

Ces étudiantEs pacifiques ont été violemment répriméEs. Les vigiles de la Sorbonne ont frappé des étudiants, et particulièrement des étudiantes, certaines témoignant même avoir été agressées sexuellement. Ce fut ensuite à la police d’arriver. D’abord en dispersant violemment les soutiens réunis à l’extérieur, puis en forçant la porte de l’amphithéâtre et en embarquant un par un les étudiantEs qui chantaient leur soutien à la Palestine.

88 étudiantEs ont été interpellés et emmenés en garde à vue dans les différents commissariats parisiens où iels passèrent la nuit. La violence s’est alors poursuivie, aussi bien par le refus de droit, tels que celui de voir un médecin ou un avocat, ou la violence physique et la violation de l’intimité, comme l’arrachage du voile de certaines camarades.

ToutEs les étudiantEs ont été relâchéEs à l’exception d’un seul, qui a passé deux jours en garde à vue et dont le procès se tiendra le 14 juin. La plupart des étudiantEs font aussi l’objet de poursuites.

Une volonté de mise au pas de la jeunesse

Cette répression fait partie de la politique du gouvernement de réprimer tout soutien à la cause palestinienne mais également de cette volonté de mise au pas de la jeunesse. Elle fait suite à la demande de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, le 2 mai auprès des présidents d’université de « veiller au maintien de l’ordre public, en utilisant l’étendue la plus complète des pouvoirs dont ils disposent ».

Depuis plusieurs années, la jeunesse est systématiquement réprimée lorsqu’elle se révolte. Il faut noter que cette répression n’est pas la même s’il s’agit de la jeunesse des quartiers ou des étudiants de grandes écoles. 

Le gouvernement veut mettre au pas la jeunesse que ce soit par l’envoi des CRS dans les facs, le SNU, la militarisation de l’école ou encore la mise en place de nouvelles sanctions pénales pour les mineurs.

Panique du gouvernement face au désordre 

Cette criminalisation du mouvement de soutien à la Palestine et de la jeunesse illustre la panique du gouvernement face au désordre à l’approche des JO et des élections européennes. L’enjeu est de donner à l’électorat plus âgé des macronistes des gages d’ordre et de préserver l’image internationale de la France lors des JO où Israël sera présent — sans aucune sanction, contrairement à la Russie — où une entreprise israélienne a été engagée pour gérer la sécurité.

Seule une solidarité collective des étudiantEs et des organisations permettra de faire face à la répression du soutien à la Palestine.

Malgré les partiels, les étudiantEs se mobilisent dans leurs facs partout en France, et il est possible que les lycées suivent le mouvement. Les jeunesses continueront à se soulever face au génocide en cours !