La crise sanitaire rend davantage visibles les manquements politiques et les problématiques sociales. La situation actuelle, pour la population étudiante, est désastreuse. La crise sanitaire nous touche davantage, nous privant non seulement d’un suivi correct de notre activité (l’organisation universitaire n’étant pas adaptée à des cours en ligne) mais plus généralement en nous privant de conditions de vie décentes.
L’accès aux besoins vitaux est d’autant plus difficile que, pour beaucoup d’entre nous qui travaillons en plus de nos études, nous avons perdu notre emploi, sans possibilité d’en retrouver un autre dans la foulée.
Les étudiantEs craquent
Nous n’avons que très peu retrouvé les bancs de la fac depuis mars, ce qui nous a privéEs de nos habitudes et nous a plongéEs davantage dans la solitude. Les incertitudes quant aux prochaines annonces sanitaires, et le couvre-feu à 18 h, n’arrangent rien.
Parce qu’on nous demande le même travail que d’habitude mais cette fois-ci, à distance (avec tout ce que cela peut induire en matière d’inégalité d’accès à internet et à un environnement stable et serein de travail), la charge demandée est complètement inappropriée au vu de la période, poussant ainsi nombre d’entre nous à un décrochage fulgurant. Selon l’Observatoire de la vie étudiante, 50 % des étudiantEs interrogés ont déclaré avoir souffert de solitude ou d’isolement pendant le premier confinement, et 23 % ont déclaré ne pas avoir mangé à leur faim. Le dernier confinement a également donné lieu à son lot d’aberrations. Ces dernières semaines, nous avons vu plusieurs tentatives de suicides au sein de la communauté étudiante, par exemple à Lyon ou à Paris. Les files d’attente devant les banques alimentaires sont chaque jour plus nombreuses. Les étudiantEs craquent. Comment un des pays « figure de proue » du capitalisme développé peut-il laisser sa population étudiante (pourtant décrite comme son avenir) vivre dans des conditions aussi déplorables ?
Des mesurettes pour dissimuler la destruction de l’université
La peur du Covid a un impact fort sur la situation actuelle, mais les mesurettes mises en place par le gouvernement ne sauraient aller à l’encontre de dizaines d’années de destruction méticuleusement programmées du service public universitaire. Les repas au restaurant universitaire à un euro, le droit de revenir sur nos campus une fois par semaine, ne nous feront pas oublier tout ce que nous avons perdu, ainsi que la souffrance, l’épuisement, le désespoir, causé par des politiques libérales qui n’ont, depuis la loi Faure en 1968, cessé de privatiser la recherche et l’enseignement au détriment de nos conditions de vie et d’études. Plus récemment, le processus de Bologne (1998), dont les dernières lois françaises comme la LRU ou la LPR ne sont que les rejetons, s’inscrit dans cette idéologie capitaliste de destruction de nos conditions d’études et de vie. Il nous faut contre cela opposer un mouvement fort. En exprimant notre ras-le-bol, en refusant d’être traités comme des « étudiantEs fantômes », en prenant la rue, comme récemment les 20 et 21 janvier, en développant de la solidarité partout où c’est possible, nous interpellons la société, les pouvoirs publics, sur notre précarité qui nous étouffe et nous tue.
Relever la tête et dénoncer l’insoutenable
L’an dernier, en novembre 2019, un étudiant lyonnais tentait de s’immoler par le feu devant le CROUS de Lyon pour dénoncer sa précarité. Plus d’un an après, rien n’a changé, et malgré les lettres ouvertes ou autres tribunes venues des étudiantEs elles et eux-mêmes, nous peinons à être pris au sérieux.
L’indécence de nos dirigeants, comme les propos de la ministre Frédérique Vidal qui nous culpabilise en pensant que nous en sommes arrivéEs à nous contaminer nous-mêmes en mangeant des bonbons posés sur des tables, ne fait qu’accentuer notre colère. Il est urgent de dénoncer notre situation qui nous rend toutes et tous à bout. Il est urgent de rappeler à l’ordre les institutions en matière de service public, de refuser les compromis, et de porter nos revendications. Nous ne pouvons plus en arriver à des situations aussi désastreuses en matière de besoins vitaux comme il y a quelques semaines où, près de Lille, une étudiante a été mise à la rue malgré les engagements du CROUS à respecter la trêve hivernale.
Nous pensons également aux étudiantEs étrangers qui, avec l’augmentation des frais d’inscription, la difficulté accrue pour elles et eux d’accéder à des bourses et à des logements CROUS, subissent de plein fouet la crise sanitaire, dans un contexte raciste où l’État ferme les frontières, laisse les milices d’extrême droite faire le sale boulot, et fait voter des lois contre le « séparatisme ».
Cette situation est inacceptable, mais la jeunesse ne doit pas se laisser abattre ! À nous de relever la tête, de nous mobiliser : en s’organisant, en se réunissant en assemblées générales et en luttant contre la misère que sème le capitalisme !
Pour en savoir plus, vous pouvez aussi regarder L'Anticapitaliste, l'émission n° 20