Le 4 avril, en pleine mobilisation sur les retraites, L’Alternative et 17 sections de l’Unef annonçaient leur volonté de créer une nouvelle organisation étudiante : l’Union étudiante. Son congrès de fondation aura lieu le 22 et 23 avril.
Cet événement peut être réellement porteur d’espoir pour un renouveau solide du syndicalisme étudiant, réactualisé pour correspondre à l’évolution de l’enseignement supérieur et aux besoins des étudiantEs. Cependant, plusieurs difficultés devront rapidement être dépassées pour que cette Union étudiante soit un outil de terrain réellement efficace pour défendre les intérêts matériels et moraux des étudiantEs et ne soit pas seulement porteuse de campagnes politiques.
À l’aube de l’Union étudiante
L’Unef, bien que syndicat historique, s’enferme dans la préparation des élections étudiantes délaissant le travail de terrain, et elle n’arrive plus à faire adhérer et structurer les mouvements étudiants. En réaction, sur les universités apparaissent des syndicats locaux et des associations étudiantes qui reprennent le travail de terrain. À la sortie du mouvement ParcourSup, constat est fait que ce renouveau du syndicalisme étudiant, dépassant les structures préexistantes, est nécessaire mais qu’une structuration nationale lui est indispensable. L’Alternative est créée. Elle se confronte alors à plusieurs problèmes : une construction en premier lieu par les instances nationales pour « exister » mais qui réduit de fait la préoccupation d’activités de terrain et de syndicalisation ; la sélection et la précarité qui privent la jeunesse de temps, pourtant crucial pour structurer une organisation ; la crise du covid qui a mis en pause la vie universitaire pendant deux ans.
Cependant, ces difficultés ont pu être suffisamment transcendées puisque la dynamique de construction se poursuit avec le dépassement de l’Alternative et cela en plein mouvement social sur les retraites. Il va toutefois être nécessaire à cette nouvelle structure syndicale de maintenir une certaine distance avec La France insoumise, au risque sinon de se couper d’une partie de la jeunesse, d’être dépendante de ses polémiques internes et de sa colonne vertébrale qui reste électoraliste et institutionnelle. En bref, au risque de réitérer ce qu’était le PS pour l’Unef.
De quel syndicalisme étudiant avons-nous besoin dans la période ?
Le paysage étudiant a fortement changé, une nouvelle organisation syndicale doit avoir le souci de s’implanter dans tous les établissements, pas seulement les universités, celui surtout de former ses militantEs, de mener des campagnes offensives autour de la gratuité de l’enseignement et des structures sociales liées (logements du CROUS, restaurants universitaires) capable d’impulser un mouvement social étudiant. Une organisation syndicale ne doit pas craindre un affrontement net envers l’institution, pas seulement autour du manque de moyens mais aussi du contenu proposé, de qui décide, de la place des études dans la société.
Les militantEs anticapitalistes ont une orientation et une richesse de premier plan à apporter dans ce processus. Aussi construire l’unification du syndicalisme étudiant est l’une de nos tâches prioritaires.