Entretien. Doctorant à la Sorbonne, Guillaume Vadot est un des animateurs du NPA Jeunes. Le 22 septembre, il a été agressé par des policiers pour avoir filmé un contrôle d’identité musclée à la gare de Saint-Denis. Nous l’avons rencontré pour faire le point sur cette affaire.
Lors de la conférence de presse du 26 septembre, tu as évoqué qu’une plainte serait déposée. Qu’en est-il ?
La plainte a été déposée dès le lendemain, et depuis, j’ai été auditionné à deux reprises par l’IGPN. J’ai répété l’ensemble de faits relatés dans mon témoignage. Le Défenseur des droits a également été saisi.
Les policiers qui t’ont agressé ont proféré des menaces contre les « gauchistes de la Sorbonne ». Quelles en ont été les répercussions ?
Énormes ! C’est en grande partie le soutien de mes collègues qui m’a poussé à dénoncer ouvertement ce qui m’était arrivé. Une réunion du personnel, puis une AG étudiante, ont eu lieu et une tribune signée par plus de 300 universitaires publiée dans la presse.
Tu insistes beaucoup sur le fait que ce qui t’es arrivé est « banal » et que ce qui n’est pas banal c’est que ce soit arrivé à toi. Que veux-tu dire ?
Je veux dire que derrière mon cas, très médiatisé du fait que je sois un « prof blanc de la Sorbonne », se cache un nombre infini de violences, souvent plus graves, subies au quotidien par les habitants des quartiers populaires et par les personnes racisées. Si je dénonce ce qui s’est passé, c’est précisément pour mettre en lumière la violence structurelle d’une police raciste, encouragée par les pouvoirs et l’impunité accentués par l’état d’urgence.
Et ça marche ?
Cela commence. Depuis la publication de mon appel à témoins, j’ai pu rentrer en contact avec plusieurs personnes ayant subi des violences policières, ainsi que des témoins de l’interpellation musclée de la personne noire (dont je recherche activement des nouvelles) et de mon agression. Nous avons également été à l’initiative, avec les camarades du NPA Saint-Denis, d’une réunion unitaire et d’une conférence de presse sur la ville.
Quelles vont être les suites ?
Sur le plan juridique on verra, mais ce n’est qu’un aspect de ma démarche. Le but est de contribuer à créer un front large pour la défense de nos droits démocratiques. Le meeting à Paris 1 jeudi 6 octobre, où je suis à la tribune aux côtés d’Assa Traoré, la sœur d’Adama Traoré, et de Mickaël Wamen (entre autres), est un premier pas en ce sens.
Propos recueillis par une correspondante