Publié le Mardi 5 avril 2016 à 21h38.

Nouveau cap et nouveaux défis pour la mobilisation

Il y avait ce jeudi 31 mars 1,2 million de personnes dans les rues, et plus de jeunes que le 9 et le 17. En région, Toulouse en tête, la mobilisation a fait un saut, portée notamment par l’entrée en scène de nombreux lycéenNEs...

Mais, alors que le 31 était vécu par des centaines de milliers de salariéEs comme une première journée, il arrivait un mois environ après le début du mouvement dans la jeunesse. C’est pour cela que les défis qui sont posés aux étudiantEs et lycéenNEs sont particuliers. La coordination nationale qui s’est tenue ce samedi, avec 70 établissements et sites universitaires représentés, y a apporté une réponse importante qui constitue un vrai point d’appui pour le mouvement.

Où en est la mobilisation sur les facs et les lycées ?

Jusque-là, l’ingrédient le plus avancé tient à la dynamique militante qui s’est emparé d’un secteur significatif d’étudiantEs et de lycéenNEs. Cela reflète le ras-le-bol et la volonté d’affrontement d’une génération qui n’a connu que la crise, que l’austérité, et que les trahisons politiques. Dans le même temps, le mouvement en cours n’a pas encore passé un cap numérique. Les plus grosses AG, à Rennes 2, Paris 8 ou Paris 1, réunissent un millier de personnes, loin encore de celles qui ont pu se tenir par exemple lors du CPE. Cela impose, pour les milliers de militantEs du mouvement qui ont émergé, de ne pas lâcher le travail d’information et de conviction, pour entraîner dans le mouvement ces 72 % des moins de 35 ans qui s’opposent à la loi travail.

Jeunes et salariés, luttons ensemble maintenant !

Un autre enjeu marque les jours qui viennent : celui de réussir à réconcilier les rythmes de mobilisation entre le monde du travail et la jeunesse, qui s’était lancée plus tôt dans la bataille. C’est pour cela que nous récusons la décision de l’intersyndicale qui n’a pas appelé à la grève ce mardi 5 avril, laissant les jeunes manifester seuls. à la SNCF, où les cheminots sont sous le coup d’une attaque majeure, la même réflexion doit être menée : c’est le moment ou jamais de lutter ensemble, de nous coordonner, ne laissons pas passer cette occasion !

Des violences policières qui accroissent la colère

Il y avait eu les CRS à Tolbiac le 17, le tabassage d’un lycéen de Bergson à Paris le 24, chaque fois parties émergées de l’iceberg. Ce jeudi 31, ce sont plus de cent jeunes qui ont été blessés par la police, dans le cadre de charges offensives, gazages, matraquages, étouffements. Ces violences ont été particulièrement fortes en province. Si les vidéos qui en ont été faites se « viralisent » sur internet, c’est qu’elles canalisent la colère de millions de personnes. Le masque des « forces de l’ordre » tombe et l’on se rend compte, à une échelle nouvelle, de quel ordre il s’agit : celui de la précarité et du chômage, celui des politiciens professionnels... Ce doit être l’occasion de renforcer et d’étendre la lutte en cours.

Pas de négociation à Matignon en marge des vacances !

Au lendemain des 250 manifestations de ce jeudi 31, Valls conviait à nouveau les organisations de jeunesse à Matignon, tout en annonçant d’emblée qu’il n’y aurait pas de retrait de la loi. Alors que étudiantEs et lycéenNEs mobilisés se sont dotés de structures de coordination démocratiques pour organiser la mobilisation, avec notamment l’élection de 10 porte-parole lors de la coordination étudiante le week-end dernier, le fait même d’accepter ce rendez-vous constitue un contournement du mouvement. D’autant plus qu’une seule et même revendication émerge des AG et de la rue : celle du retrait intégral de cette loi. En se rendant à Matignon, l’Unef ne fait qu’offrir une bouffée d’oxygène à Valls qui veut se montrer conciliant devant l’opinion, et cela sur le dos du mouvement.

Debout nuit et jours, pour construire la jonction entre jeunes et salariéEs

Le mouvement en cours constitue en effet une mobilisation revendicative, mais pas seulement : s’exprime aussi une colère légitime, et longuement mûrie, contre la politique des riches, des politiciens professionnels, avec dernièrement l’état d’urgence. Cet état d’esprit, qui s’exprimait dans les AG, est en train de s’incarner place de la République à Paris et dans d’autres villes. Dans le même temps, il s’agit d’une recherche sur les voies et les méthodes de la lutte contre la loi El Khomri et son monde, qui pourrait être particulièrement fructueuse. Pour nous, occuper les places devrait être le moyen de construire de grandes plateformes pour la convergence des luttes, pour aller vers l’occupation des facs, des lycées, mais aussi des lieux de travail, seul moyen de désarmer nos adversaires et de tout changer. C’est le sens du mot d’ordre de grève générale, qui a été repris mercredi 30 au soir par un millier d’étudiantEs réunis à Tolbiac lors d’un meeting de convergence.

Dans l’immédiat, ce samedi 9 mars peut et doit être à nouveau une grande réussite !

Guillaume Loic