Plus d’un an après l’ouverture du mariage aux couples homosexuels, présenté entre autres par le gouvernement comme une mesure visant à rétablir l’égalité et à jouer le rôle de levier d’intégration et de lutte contre les discriminations, force est de constater l’échec d’une stratégie institutionnelle appuyée sur une loi au rabais...
En réalité c’est bien l’inverse qui s’est produit : l’année 2013 a été marquée par une véritable explosion de l’homophobie et de la transphobie. Alors que l’association SOS Homophobie publie son rapport annuel, la réalité des violences homophobes nous saute au visage. Les chiffres de ce rapport parlent d’eux-mêmes : il révèle une augmentation de 78 % de témoignages de victimes d’actes homophobes (révélant une augmentation du nombre d’agressions mais aussi une libération de la parole des victimes qui ne veulent plus se taire), et en particulier une augmentation de 54 % du nombre d’agressions physiques recensées : 188 en 2013, c’est-à-dire que tous les deux jours une personne lesbienne, gay, bi ou trans se fait frapper. L’homophobie, la lesbophobie, la biphobie et la transphobie se traduisent de différentes manières, pouvant aller jusqu’au passage à tabac, au viol et même au meurtre. Au quotidien, elles se traduisent par des attitudes de rejet et d’exclusion : injures, humiliations, harcèlement, refus de service, dégradations de biens… Elles se manifestent dans tous les domaines de la vie : famille, amiEs, entourage, voisinage, travail, collège, lycée, vie quotidienne, commerces, administrations, lieux publics, et ont des conséquences psychologiques, physiques et sociales profondes. Cette déferlante homophobe n’a cessé de croître pendant la période de débat parlementaire sur la loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe. Les trois mois ayant vu les plus fortes mobilisations des réactionnaires (janvier, avril, mai, correspondant aux dates des « manifs pour tous ») représentent à eux seuls 40 % des témoignages recueillis pour l’ensemble de l’année.
Contre-attaquer pour de nouveaux droitsLes homophobes s’en sont donné à cœur joie, diffusant quotidiennement leurs idées réactionnaires et haineuses, qui ont gagné du terrain en gagnant une légitimité médiatique inacceptable. Pendant des mois, tous les jours, les LGBT se sont fait insulter, leurs vies dénigrées. Et lorsque l’on ose se défendre, c’est à la victime que s’en prend la justice, comme le rappelle le cas d’une femme condamnée à 5 mois avec sursis pour s’être défendue contre une agression lesbophobe. Si les homophobes ont autant pu se lâcher, c’est d’abord parce que le gouvernement ne s’est jamais opposé à eux, mais a bien au contraire reculé, faisant la démonstration de sa lâcheté politique et de son mépris pour les LGBT, allant jusqu’à recevoir récemment les représentants de « la manif pour tous » pour les assurer de l’enterrement de la PMA. L’homophobie libérée par cette période a encore de beaux jours devant elle. Pour la faire reculer, il est plus que temps de contre-attaquer face aux trahisons du PS, à l’homophobie d’État et à l’offensive réactionnaire. Ce gouvernement ne défend pas nos intérêts et méprise les LGBT en perpétuant des situations inégalitaires : nous n’avons rien à attendre de ces solutions institutionnelles. Il nous faut construire une véritable mobilisation d’ensemble pour la PMA, contre le gouvernement et l’extrême droite. Comme l’année dernière pour obtenir le mariage pour tous, il nous faudra descendre en masse dans la rue lors des marches des fiertés, dans un mouvement le plus large possible.
Agathe L.