Ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti a annoncé début janvier que l’ouverture de la PMA (Procréation médicalement assistée) pour les lesbiennes ne figurera pas dans le projet de loi « famille ». Cela n’a rien de bien étonnant : le flou était entretenu depuis un moment sur les échéances…
Encore un recul du gouvernement ! Alors que Ayrault et Hollande insistaient pour attendre et suivre l’avis du CCNE (Comité consultatif national d’éthique) qui s’est auto-saisi sur la question, le gouvernement tient à finir la loi « famille » avant les municipales. La stratégie électoraliste est flagrante : le gouvernement temporise pour ne pas se mettre à dos les réactionnaires de tous horizons.
Une remise une cause du modèle hétéro-patriarcalPoser l’ouverture de la PMA à toutes les femmes comme un problème « éthique » a un sens idéologique. En effet, puisqu’elle est autorisée pour les couples hétérosexuels, il est clair que le fait que toutes les femmes (lesbiennes, célibataires…) puissent avoir des enfants sans homme mettrait fortement en cause le modèle hétéro-patriarcal.Il apparaît aussi que si les couples homosexuels sont tolérés, les homosexuelEs restent donc des citoyenEs de seconde classe. En effet, malgré la demande des associations LGBT (la loi concernant le mariage étant insuffisante), la ministre a refusé d’améliorer la situation des familles homosexuelles, montrant qu’elle est avant tout la ministre… des familles hétérosexuelles.
Reconstruire la mobilisationLe CCNE n’est pas connu pour ses positions progressistes, et s’il donnait un avis négatif, Hollande a de toute façon insisté pour le suivre, alors qu’il n’est pourtant que consultatif. Comme si cela ne suffisait pas, Hollande a promis aux représentants des institutions religieuses de les consulter concernant la PMA.Or ces dernières ont violemment fait preuve de leur conception patriarcale et homophobe de la famille. Le gouvernement montre ainsi son camp et va donc trahir sa promesse, comme il a déjà trahi sa promesse de faciliter le changement d’état civil des trans.Il est donc nécessaire de reconstruire une mobilisation pour imposer un véritable rapport de forces, déjà nécessaire pour gagner la loi sur le mariage pour touTEs. Le rassemblement appelé le lundi 6 janvier par différents collectifs et associations comme FièrEs, Oui oui oui, Gouine comme un camion et Barbi(e)turix est un début, il faut continuer !
Anastasia Tiarava et Manue Mallet