Publié le Lundi 6 février 2017 à 08h58.

Et le droit au logement ?

Presque banal à écrire, mais en matière de logement, Hollande n’a pas non plus tenu ses engagements. Un bilan en demi-teinte pour la fondation Abbé Pierre qui vient de publier son dernier rapport.

Près de quatre millions de personnes sont mal logées (soit privées de logement personnel, soit logées dans des conditions difficiles) et plus de douze millions sont « fragilisés par rapport au logement » (par exemple locataires en situation d’impayés). Alors qu’Hollande avait fixé l’objectif de 500 000 constructions neuves par an, moins de 400 000 logements ont été mis en chantier chaque année, et même seulement 377 000 en 2016.

En ce qui concerne les logements sociaux, l’objectif présidentiel était de 150 000, pour une réalité de 100 000 à 120 000 par an. Faute d’une politique déterminée en faveur du logement social, avec une production insuffisante et inadaptée et des loyers encore excessifs dans le parc privé, la liste des demandeurEs HLM continue de s’allonger, avec près de 1 900 000 demandes au 1er mars 2016. Avec un logement social de plus en plus rare et cher, les commissions d’attribution en sont réduites à écarter des demandeurs au motif de ressources insuffisantes. Et le parc social neuf s’éloigne peu à peu des besoins et des possibilités des populations les plus fragiles.

Le bon des expulsions

À l’opposé de cette rigueur budgétaire à l’égard du logement social, le secteur privé et les contribuables aisés ont été largement favorisés, cela au nom de la relance du bâtiment...

Dans le même temps, les expulsions locatives surviennent encore, avec le concours de la force publique, sans relogement. Un bond annuel spectaculaire de 24 % en 2015, avec 14 363 expulsions : un chiffre en hausse de 33 % par rapport à 2006.

Face à l’urgence des situations des personnes sans domicile et l’engorgement des dispositifs d’accès à l’hébergement ou au logement, les acteurs publics continuent de privilégier une politique de mise à l’abri plutôt que d’accès prioritaire au logement pérenne, alors que le « logement d’abord » fait pourtant office de doctrine officielle depuis 2009. 

Au total, beaucoup d’effets d’annonce (lois pour la ville et la cohésion urbaine, de décentralisation, loi ALUR, loi pour la transition énergétique, loi Égalité et Citoyenneté…) mais peu d’effets, faute d’une volonté réelle de faire simplement appliquer la Constitution qui affirme toujours le « Droit au logement »...

Robert Pelletier