Publié le Dimanche 5 décembre 2021 à 18h13.

À Grenoble comme ailleurs, le droit au logement pour les migrantEs est un combat

Les migrantEs n’ont pas de logement, la municipalité dite « de gauche » répond avec des flics.

Mercredi 1er décembre. Dehors, la pluie tombe sans cesse, glaciale. Dans la bibliothèque « Alliance », des migrantEs se sont mis à l’abri depuis la veille, avec l’aide de nombreux soutiens (comité de soutien des riverainEs, association ici et maintenant, DAL 38, RESF, etc.). L’occupation est tranquille, le personnel de la bibliothèque est bienveillant, les familles récupèrent un peu des semaines passées sous tente dans le parc à côté, dans des conditions que la vague de froid rendaient désormais insupportables. La mairie de Grenoble, à majorité Verts-PG-PC-Ensemble, a bien sûr été contactée. Elle a promis de laisser les familles dormir ici le temps de trouver des solutions. Mais parmi les soutiens et les migrantEs, la tension n’est pas totalement retombée : l’expérience a montré que Piolle et ses éluEs n’hésitent pas à utiliser, en lien avec la préfecture, la manière forte pour dégager des migrantEs. Et que les organisations de soutien combatives sont considérées comme des ennemis.

Flics et bulldozers

En réalité, toute la matinée, la mairie a surtout négocié avec la préfecture. Elle a déposé plainte contre les occupantEs et demandé l’expulsion qui est lancée en milieu d’après-midi. A contrario du dialogue promis, ce sont brutalement des dizaines de policiers qui arrivent en tenue de combat. Puis un bulldozer de la mairie qui prétend raser le camp de tentes à côté du bâtiment. Réaction des soutiens, le bulldozer recule. Entrée en force de la police dans la bibliothèque, bousculades, lacrymos. Des parents sont sortis brutalement, séparé.es momentanément de leurs enfants, cris, pleurs. La bibliothèque est évacuée, les migrant.es fuient pour beaucoup sous la pluie et dans le froid se réfugier à l’écart. La suite des événements reste dans le ton : un bus est annoncé pour emmener les migrantEs (« Non, vous ne saurez pas où, on leur dira dans le bus »), qui refusent pour la plupart. Le bulldozer revient raser le campement après que les lacrymos aient de nouveau repoussé les soutiens. Les habitant.es, aux maigres possessions détruites, vivent pour beaucoup une nuit d’errance dans le froid et sous la pluie.

Il faudra encore un large rassemblement le lendemain devant la mairie et une nouvelle installation de tentes sous son hall pour que la lutte paye et que les choses se débloquent petit à petit. La plupart des familles seront hébergées… Mais à 25 kilomètres de Grenoble, entraînant une nouvelle brutale rupture scolaire pour les enfants. Les autres auront droit à une semaine d’hôtel avant… la rue de nouveau ?

Les postures hypocrites de la mairie

Derrière les événements dramatiques, nous retrouvons en fait les fondamentaux des politiques menées face aux migrantEs par la plupart des mairies se réclamant « de gauche ». Elles se prétendent opposées aux politiques migratoires racistes du gouvernement. Piolle en a fait à plusieurs reprises un affichage tonitruant, accueillant même Cédric Herrou pour lui décerner une breloque. Mais elles ne font en réalité que les accompagner. Sans jamais s’investir sérieusement dans la résistance, elles participent à la chasse aux migrantEs, à leur harcèlement permanent, en négocient les modalités avec la préfecture… Piolle s’est même fait une spécialité de l’exigence de plus de présence policière à Grenoble, comme si celle-ci servait à protéger la population. Quand aux mouvements combatifs de solidarité, il sont considérés au mieux comme des gênes à écarter, au pire comme des adversaires à abattre. Concrètement, loin de la communication politicarde municipale, il y avait bien mercredi 1er décembre deux camps opposés. Et face à nos maigres barricades de palettes, ce sont les lacrymogènes de la police de Macron qui ont ouvert la voie aux bulldozers de Piolle.

Le NPA, lui, continuera à défendre et construire une politique de résistance, de désobéissance, avec les migrant.es eux et elles-mêmes, unissant en soutien organisations politiques, syndicats, associations antiracistes et de défense des droits humains. Ce sera par exemple le cas samedi 11 décembre en manifestation pour le droit au logement (rdv à partir de midi devant le préfecture de Grenoble), puis le samedi suivant à l'occasion de la journée nationale contre le racisme. À Grenoble comme ailleurs, un toit, c’est un droit, liberté de circulation et d’installation !