Depuis la fin du mois de janvier, un campement sous tente s’est installé dans le quartier de bois blanc à Lille. Ce camp, qui comptait un vingtaine de jeunes s’est élargi à une cinquantaine début avril.
Cet afflux est dû à la fin d’une opération importante d’hébergement durant l’hiver, portée par différentes paroisses de l’agglomération lilloise. Le suivi de ces jeunes est assuré par l’association Utopia 56. Cette association définit ainsi ces jeunes : « Les personnes qui survivent dans ces tentes sont des jeunes exilés en procédure de reconnaissance de leur minorité auprès d’un juge des enfants ». L’association les accompagne dans leur saisine, qui aboutit à 80 % d’entre eux par une reconnaissance de leur minorité et leur permet ainsi une prise en charge par l’ASE (aide sociale à l’enfance) du département du Nord (lequel rejette 80 % des premières demandes de minorité, obligeant ainsi les jeunes à saisir le juge des enfants). Cependant durant la durée de la saisine de 6 à 8 mois, les jeunes ne sont reconnus ni mineurs, ni majeurs, et ne peuvent ainsi émarger à aucun des dispositifs, départementaux pour les mineurs, d’État pour les majeurs. Ils sont ainsi livrés à eux-mêmes dans la rue.
Collectif d’habitantEs solidaires
Lors d’une réunion organisée par Utopia 56 avec des habitants du quartier, une quarantaine d’habitantEs, qui en représentaient bien d’avantage dans le quartier, ont décidé de constituer un collectif d’habitantEs solidaires. Tout en collaborant de façon étroite avec Utopia 56, le collectif a pour but d’avoir une expression autonome notamment pour interpeller les institutions qui laissent ainsi une centaine de jeunes à Lille sans solution, autre que celle d’accueil ou de soutien bénévole. Ainsi la première action du collectif a été l’envoi d’une lettre à la mairie de Lille, qui avait refusé à Utopia 56 une salle sur le quartier pour la réunion, justifiant que le « sujet était trop sensible ». Cette lettre est aujourd’hui encore sans réponse, même si des demandes exprimées dans la lettre ont été débloquées, comme la remise en service du point d’eau sur le terrain de campement, la mise à disposition et la facilitation de ramassage de poubelles, « l’autorisation » d’utiliser des équipements associatifs sur le quartier pour des douches ou des lessives.
Chaîne de solidarité
C’est une vraie chaîne de solidarité qui s’est immédiatement développée sur le quartier pour la confection de repas chauds le week-end, la prise en charge des lessive, l’accompagnement à l’accueil dans les locaux associatifs, la récolte auprès des habitants et des commerçants de nourriture, d’équipements et vêtements chauds. Il faut dire que la météo (froid, pluie, vent) rend particulièrement difficile la vie sous tente pour les jeunes. Le collectif compte aujourd’hui près de 100 personnes inscrites. Les prochaines actions, outre le soutien matériel permanent aux jeunes, est de tenir un stand du collectif à la braderie de quartier, de créer des affichettes « « d’habitantEs solidaires » à mettre aux fenêtres, à proposer à tous les habitantEs du quartier. Il est certain que c’est par la mobilisation de toutes et tous que nous parviendrons à faire bouger les institutions qui se rejettent la balle des compétences et responsabilités et laissent des enfants mineurs à la rue. Comme le collectif l’écrivait dans sa lettre à la maire de Lille : on sait qu’il y a 100 enfants mineurs non accompagnéEs en permanence sur la ville de Lille, qu’on ne nous dise pas que sur notre agglomération, nous ne pouvons pas trouver de quoi héberger et mettre à l’abri ces enfants.
CorrespondantEs