Comme l’ex-ministre de l’Économie, l’Union nationale des propriétaires immobiliers veut, elle aussi, de la « flexisécurité »… et propose pour cela un bail locatif à l’essai !
Ainsi, elle propose sept mesures aux candidats à la présidentielle, que la presse qualifie de « provocantes » ou d’« iconoclastes ». Scandaleusement dans l’air du temps, plutôt !
Locataire à l’essai...
La mesure phare, c’est le « bail avec période d’essai » : « Si, au terme de la période d’essai, de six mois par exemple, le bailleur constate que le locataire cause des troubles de voisinage ou ne règle pas ponctuellement son loyer, il pourrait mettre fin à l’essai sans indemnité ni formalité. » Et il ne serait même pas obligé de donner un motif. Leur but, généreux (!), c’est de « mettre sur le marché des logements qui sont actuellement vacants, le bailleur craignant de ne pouvoir le récupérer en fin de bail ». Alors qu’on le sait, la principale cause des logements vides est bien connue, c’est la spéculation !
Ils rêvent aussi d’un BDD, bail à durée déterminée, qui pourrait amener une (petite) réduction du loyer, comme la prime de précarité pour le CDD…
En fait, il s’agit d’une « amélioration » de leur proposition de 2006 : à l’époque, inspiré du CPE, c’était un bail « à durée indéterminée ». Aux 9e et 21e mois, le propriétaire pouvait virer le locataire avec un préavis de 3 mois. Comme le disait à l’époque l’UNPI, cela « induit une certaine précarité mais c’est mieux que ne pas avoir de logement ». Et parce que, certes, on a repoussé le CPE, mais Macron nous a remis ça en mieux, il n’est pas inutile de rappeler le cynisme de ces gens : « Il y a peu de chance que le locataire, dans le cas où il serait titulaire d’un CPE et où il occuperait un logement avec ce type de bail, se retrouve licencié et à la rue au même moment. » Si ça te tombe dessus, c’est juste que t’as pas de chance… Comme t’as pas de chance quand tu viens d’acheter une maison, que ta boîte ferme et qu’il n’y a plus de travail dans la région...
TouTEs propriétaires ?
Six ménages sur dix étaient propriétaires de leur résidence principale en 2016, et c’est bien là une des causes de la crise du logement. Pas assez de logements en location, loyers trop chers et propagande : pour être heureux, il faut être propriétaire de son logement et « ne pas jeter l’argent par la fenêtre ». Mais le vrai propriétaire c’est la banque, et on a vu la catastrophe aux États-Unis ou en Espagne quand les banques ont repris des milliers de maisons.
Mais rien n’arrête l’UNPI qui veut « supprimer le permis de construire dans les zones urbaines », « ouvrir l’activité de logement social aux bailleurs privés » ou « vendre à prix avantageux les logements du parc privé aux locataires ». Et comme ils se soucient vraiment de notre bien-être, ils proposent la « construction de logements à bas coût et à loyers faibles ». Des constructions pourries où nous vivrons mal, difficiles à chauffer, construites avec des matériaux polluants et qu’il faudra démolir dans quelques années…
Il faut remettre le logement sur de bonnes fondations : gestion du logement dans un service public (parce que l’offre de location et l’entretien du parc locatif ne doivent plus dépendre du bon vouloir de propriétaires pas toujours honnêtes), suppression des mesures fiscales incitant à acheter pour spéculer sur la location, et bien sûr application de la loi de réquisition des logements vacants.
Isabelle Guichard