Année après année les rapports de la Fondation Abbé Pierre révèlent une aggravation du mal-logement, particulièrement dans les grandes agglomérations du pays, avec en parallèle un effondrement de la production de logements neufs. Alors qu’il faudrait construire 250 000 logements HLM par an pour répondre à la crise du logement, ce sont à peine 95 000 HLM qui ont été construits en 2020 et la baisse est continue depuis 2016.
Malgré cela, le gouvernement plastronne. En novembre 2020, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, en annonçait la construction de 110 000 puis, en février 2021, 250 000 pour les deux années 2021 et 2022. Mais qui peut les croire ? Dans le plan de relance présenté par Macron en septembre dernier, le logement est passé complètement à la trappe et le gouvernement continue depuis d’appliquer sa politique initiée en 2017 : réforme des APL et ponction sur les fonds propres des bailleurs, ce qui a eu un effet direct sur la chute de la construction de logements neufs. Ce mois-ci s’est appliquée la réforme du calcul de l’APL qui se fait dorénavant sur les trois derniers mois, avec de très mauvaises surprises pour de nombreux locataires, sans que le gouvernement atteigne son objectif d’une économie d’1,2 milliard d’euros : la crise du Covid est passée par là et plus de locataires vont en bénéficier.
La Fondation Abbé Pierre a calculé l’économie réalisée sur l’APL à 10 milliards depuis 2017 !
Le gouvernement poursuit et renforce sa politique de rénovation urbaine avec une augmentation des crédits affectés à l’ANRU (la banque de financement des rénovations). Jean Castex annonce 2 milliards, qui s’ajoutent aux 10 milliards déjà prévus. Mais que fait L’ANRU ? Elle conditionne ses financements en échange d’une politique de réduction du logement social pour les ménages les plus modestes (PLAI) au nom de la mixité sociale. Si les villes s’y refusent, pas de crédit ! Castex, dans sa déclaration du 29 janvier 2021, réussit même la prouesse de retourner la loi SRU. Elle est normalement utilisée pour contraindre les villes à construire du logement social à hauteur de 25 % quand elles s’y refusent. Il prétend s’en servir contre les villes populaires qui ont déjà plus de 40 % de logements sociaux en les contraignant à diversifier l’offre, c’est-à-dire avec de l’habitat social de catégories supérieures ou en accession à la propriété.
Attaques contre les APL et les revenus des locataires, attaques contre le logement social, politiques de peuplement qui contraignent les ménages modestes à la ségrégation sociale et géographiques, attaques contre les villes populaires, tous les ingrédients d’une politique libérale au service des plus riches : à combattre.