Publié le Vendredi 11 septembre 2015 à 06h18.

Logement : Un été d’expulsion…

Cet été, de nombreuses expulsions de logement ont eu lieu, et tout particulièrement en Seine Saint-Denis. Camps de Roms, immeubles insalubres et squattés, familles jetées à la rue pour impayés...

Les Roms ont été particulièrement visés : le 9 juillet, expulsion du campement rom d’Ivry-sur-Seine (94) avec un tiers des habitantEs sans solution ; le 21 juillet, expulsion du camp dit de « la Folie » à l’entrée de Bobigny (93) ; le 24 juillet, expulsion des Roms de leur village d’insertion à Saint-Ouen (93) ; le 27 août, expulsion du plus vieux campement rom de l’Île-de-France dit du Samaritain, à la demande du maire communiste de La Courneuve (93). Ce dernier n’a pas trouvé crédible toute solution de « sortie douce » du campement, pressé qu’il était de faire le ménage avant la tenue de la COP21 dans la ville mitoyenne du Bourget...

Mais c’est aussi toute une kyrielle d’expulsions qui ont eu lieu, de familles vivant dans des immeubles insalubres et dangereux qu’elles occupaient faute d’une meilleure solution. Et particulièrement en Seine-Saint-Denis : Pantin, La Courneuve, Saint-Denis…

Toutes ces expulsions se sont faites dans les pires conditions : en plein cœur de l’été, quand les écoles sont fermées, sans enquête sociale préalable ou si peu. Au Samaritain, le diagnostic social venait tout juste de commencer et malgré les protestations de nombreuses associations, de Toubon (le Défenseur des droits) et de l’évêque de Saint-Denis, la préfecture a préféré mettre à néant tout le travail social réalisé depuis 7 ans, dont la scolarisation des enfants.

Des campements pour résister

Évidemment, les préfectures renvoient sur le 115, la structure censée assurer l’hébergement qui est complètement saturée et n’assure plus son rôle. Le cynisme, le mépris, l’irresponsabilité du pouvoir, atteignent ici leur comble. C’est ainsi qu’à Saint-Denis par exemple, une famille avec trois enfants, prioritaire DALO, s’est vue jetée à la rue sans hébergement alors qu’elle avait signé pour un logement social définitif 15 jours plus tard !

Pour répondre à cette situation, de multiples campements se sont installés dans les localités concernées. Le DAL a décidé de réimplanter sur la place de la République à Paris un nouveau campement qui regroupe les expulséEs de l’été. Les précédents avaient été des succès en matière de relogement. Celui-ci en est déjà un dans la mesure où il donne de la visibilité aux expulséEs et pèse sur le gouvernement : toute expulsion en Île-de-France risque de finir sur la place de la République. Pierre Richard et Guy Bedos sont venus apporter leur soutien, et samedi dernier, près de 10 000 personnes se sont rassemblées sur cette même place pour dire « welcome » aux réfugiés.

Il faut que ce regain de mobilisation profite aux mal-logéEs parce qu’il n’y a pas d’accueil décent sans logement.

JMB