Publié le Vendredi 18 mars 2022 à 12h00.

Logement : zéro personne à la rue, quoi qu’il en coûte !

Fin mars, c’est la fin de la trêve hivernale. Ce texte est donc le premier d’une série de trois articles consacrés au logement.

Monsieur Macron avait promis, et avant lui Sarkozy, que personne ne devrait plus dormir à la rue. Le président Macron ne pourra pas, au moment du bilan, faire autrement que d’avouer son échec.

L’état des lieux

Selon la Fondation Abbé-Pierre (FAP), le nombre de personnes sans domicile a doublé depuis 2012. MigrantEs, sans-papiers, demandeurEs d’asile, mais aussi toutes et tous les autres ! La FAP a comptabilisé, « en reprenant les catégories identifiées par l’Insee, […] 185 000 personnes vivant en centres d’hébergement, 100 000 dans des lieux d’accueil pour demandeurs d’asile, 16 000 dans les bidonvilles et 27 000 personnes sans abri (recensement 2016). » Au total, 300 000 personnes ! Si ce sont souvent des hommes seuls, avec une forte proportion d’étrangers, la part des femmes et des familles ne cesse d’augmenter. Selon le collectif « Les morts de la rue », leur espérance de vie est de 48 ans. Le même collectif chiffre à 587 les personnes décédées « sans chez soi » en 2020.

Un toit c’est un droit !

L’hébergement d’urgence peut aider à ne pas mourir dans la rue, mais ça ne suffit pas à vivre décemment ! Il faudrait commencer par reloger les gens à la rue. Pourquoi attendre qu’ils aient réglé le problème qui les a amenés dans cette très grande précarité, alors que la sécurité d’un chez-soi peut leur permettre de rebondir ? C’est pour cela que la FAP demande plus de moyens et d’ambitions pour une vraie politique du « Logement d’abord », et notamment la construction a minima de 150 000 logements sociaux par an, pour sortir ces centaines de milliers de personnes de la rue et de l’hébergement d’urgence.

L’exemple finlandais1

En Finlande, le nombre de sans-abri a été divisé par trois en douze ans. Pour y arriver, le pays a construit un toit aux sans-abri : au lieu de les laisser dehors ou de leur fournir un hébergement pour la nuit, l’État a bâti et rénové plus de 30 000 logements depuis 2008. Certes, la Finlande est un pays peu peuplé (5,5 millions d’habitantEs en 2020). La France, c’est 12 fois plus... Traduits en France, les 30 000 logements (sur 12 ans) donneraient 360 000 !

Pour la Finlande, pour aider les sans-abri à se retrouver une place dans la société, il faut avant tout leur proposer un vrai logement. L’appartement est la base, ce qui donne l’impulsion, et ensuite, il y a un accompagnement par des travailleurEs sociaux.

Qu’est-ce qu’on attend ?

L’argent ? Parlons-en ! Cette politique a été chiffrée, en Finlande, à 30 millions d’euros par an. Rapporté à la France, cela ferait 360 millions d’euros. À comparer avec la fraude fiscale, qui chaque année selon Solidaires Finances Publiques atteindrait entre 80 et 100 milliards d’euros. De plus, ce que montre l’exemple finlandais, c’est que cette formule a permis au pays de réduire de façon notable ses dépenses médico-sociales, estimées à 15 000 euros par an par personne !

Il s’agit donc bel et bien d’abord d’un choix politique, et nous savons bien que l’on ne peut pas compter sur Macron pour le faire, non plus que sur les autres postulants au trône démocratique de la 5e république. Soyons convaincuEs que seule la lutte résolue de « celles et ceux d’en bas » permettra, un jour, d’imposer une mesure aussi élémentaire !

  • 1. « Sans-abri : le «miracle finlandais» », francetvinfo.fr, 20 janvier 2022.