Vendredi 27 octobre, Élisabeth Borne et son gouvernement ont présenté un plan d’action pour les quartiers populaires. Quatre mois après le meurtre de Nahel à Nanterre, aucune des mesures annoncées ne concerne les pratiques de la police. Pire, la veille, Borne avait affirmé sa volonté d’élargir les pouvoirs de la police municipale afin « d’accomplir certains actes de police judiciaire »... Sans doute pour pouvoir mettre en œuvre tout un arsenal répressif renforcé envers les mineurs. Autre mesure du jour.
On serait presque tenté de dire que l’essentiel des annonces était concentré ailleurs. Au nom de la mixité sociale, Borne a affirmé ne plus vouloir attribuer aux plus précaires des logements dans les quartiers prioritaires. Pour cela, elle donne clairement pour consigne aux préfets de ne pas attribuer de logements sociaux dans les quartiers prioritaires de la ville aux ménages bénéficiant du Droit au logement opposable (Dalo). Des préfets à qui Borne demande également de stopper la création dans ces mêmes quartiers de nouvelles places d’hébergement d’urgence destinées aux personnes sans domicile…
On croit rêver ! Comme le dit bien Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé-Pierre : « C’est la double-peine : vous êtes mal logés, on reconnaît le fait que vous avez des difficultés, mais les logements les moins chers, ceux qui pourraient être disponibles dans ces territoires, vous ne pourrez pas y avoir droit. »
Si, comme le dit Borne, ce pouvoir voulait vraiment « mener une action déterminée pour enrayer les phénomènes de concentration de la pauvreté et des difficultés dans les quartiers »... il commencerait par combattre la pauvreté au lieu de remettre en cause les minima sociaux qui, selon Macron, coûteraient « un pognon de dingue »... Au lieu de s’attaquer aux plus fragiles, bénéficiaires du Dalo, il prendrait des mesures autoritaires contre le tiers de communes qui ne respectent pas la loi SRU (laquelle demande aux communes d’au moins 50 000 habitantEs de disposer de 20 % de logements sociaux), et dont une partie préfèrent payer des pénalités.
Difficile de ne pas voir dans l’annonce de Borne une volonté de punir collectivement les quartiers populaires, et de plonger leurs habitantEs dans toujours plus de précarité. Comme toujours, le macronisme faible avec les forts, et fort avec les faibles…