La bourgeoisie avait déjà le secret bancaire et le secret des affaires. Il y a maintenant le secret sur l’application de la loi... Le bilan de la loi SRU (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain), qui prévoit les objectifs de construction de HLM, aurait déjà dû être publié à l’automne dernier. Un bilan provisoire vient enfin d’être publié mercredi 19 février... mais sans la liste exacte des communes ne respectant pas la loi, liste que la ministre refuse pour l’instant de communiquer.
La cible avait été fixée à 25 % dans les communes de plus de 3 500 habitantEs (1 500 en Île-de-France) comprises dans une agglomération de plus de 50 000 habitantEs. Dans le détail, les premières données – incomplètes – montrent que sur les 1 022 communes auxquelles ont été fixés des objectifs de HLM, 330 sont en retard. Parmi elles, 215 communes ont été soumises à une « déclaration de carence » par le préfet, et vont devoir payer des pénalités variables en fonction des résultats accomplis : la loi laisse, en effet, aux préfets la possibilité d’adoucir la sanction... Certes, il y a quelques progrès, notamment dans certaines grandes villes, mais en Île-de-France, la situation de carence concerne 80 communes. Ainsi, Saint-Maur-des-Fossés (94) n’a toujours pas dépassé 7 % de logements sociaux...
Les plus fortes carences se trouvent dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur : 57,8 % des villes concernées sont hors la loi ! Une situation d’autant plus choquante au vu de la situation à Marseille : les difficultés à accéder à un logement social y sont accrues car il est impossible aux familles qui le souhaiteraient de trouver ailleurs un logement accessible dans la région. De plus, demande, dans le Parisien du 5 février dernier, Mohamed Bensaada, militant du Collectif des quartiers populaires de Marseille : « Est-ce que la loi SRU va être appliquée partout ? à Marseille, nous avons 20 % de logements sociaux, mais concentrés dans trois arrondissements sur seize »...