Le mercredi 9 février, près de 150 personnes ont manifesté devant le siège du bailleur Plaine Commune Habitat (PCH, office public de Plaine Commune, agglo de Seine-Saint-Denis) contre les hausses de loyer et les appels de charges dont ils ont pris connaissance à la réception de leur dernière quittance. Ils répondaient à l’appel lancé par le DAL, le collectif des habitantEs de Franc-Moisin et la CNL.
Le bailleur, prévoyant la hausse du coût de l’énergie et son impact sur les charges des locataires, a recalculé le niveau des provisions appelées. Il espère ainsi amortir le choc pour les locataires de la hausse du gaz et de l’électricité. S’il y arrive partiellement, en jouant sur les provisions de charges parfois trop élevées, une majorité de locataires se trouve confrontée à des hausses qui peuvent aller jusqu’à 150 %. Des locataires découvrent leurs quittances avec 50, 80, 100, 200 euros de hausses mensuelles. Insupportable, alors que les prix sont repartis à la hausse (2,9 % pour 2021) au contraire des revenus qui ne suivent pas.
Unité face à l’urgence
L’ensemble des associations de locataires et de collectifs avaient appelé à ce rassemblement. C’est une première. En général chaque association défend son pré carré contre les autres associations pour le plus grand plaisir du bailleur qui compte les points. Le choc subi et la réaction des locataires sont suffisamment importants cette fois-ci pour permettre cette unité. C’est d’autant plus remarquable qu’on est dans une année électorale puisque se tiendra en décembre l’élection des représentantEs de locataires.
Tous les bailleurs sont touchés. Par les ponctions de l’État, par les hausses des coûts de l’énergie. Mais les bailleurs n’ont pas tous la même politique de gestion tant sur le plan financier que sur le plan social. Cela peut aller de l’absence de réaction du bailleur, ce qui va se conclure, tôt ou tard, par la présentation brutale de la facture aux locataires, à une anticipation sur les provisions, ce que fait PCH, pour amortir le choc. L’intervention des bailleurs en direction du gouvernement est des plus faible. Globalement ils se contentent de relayer les hausses sur les locataires.
Une grande partie du patrimoine social est relié à un réseau de chaleur. Cela représente 1,3 million de logements. C’est le cas pour PCH. Le gouvernement, qui a mis en place un « bouclier tarifaire » pour protéger les particuliers n’a rien fait pour protéger les locataires des logements sociaux en chauffage collectif qui se prennent la hausse de l’énergie plein pot. Des courriers ont été fait par l’USH (Union sociale de l’habitat) et d’autres organismes, mais on voit bien que c’est insuffisant face au coup de massue que reçoivent les locataires avec leur quittance. Tous les retours que nous avons témoignent de la stupeur, de l’angoisse, de la colère qu’a générées la réception du courrier du bailleur. Les agences ont été submergées des coups de téléphone et de demandes de rendez-vous.
La crise de la reprise
Après la crise sanitaire et la crise sociale qui l’a suivie, voici venue la crise de la reprise. Les salaires n’augmentent pas et les augmentations des prix s’affolent. Comment peut-on imaginer imposer des hausses mensuelles de provisions de charges de 50, 100, 150, 200 euros sans casse ? Nombre de locataires, aux revenus modestes, se retrouvent avec des hausses mensuelles de plus de 100 euros alors qu’ils ont déjà des plans d’apurement des dettes de loyer !
Aujourd’hui les bailleurs et le gouvernement doivent apporter des réponses qui aident les locataires et non pas qui les enfoncent. Ils doivent répondre à la demande de blocage du prix des charges et des loyers. Ils doivent entendre la revendication des locataires. 150 personnes devant le siège du bailleur, c’est tout à fait exceptionnel. La manifestation n’est pas une habitude et il faut que la colère soit grande pour un tel résultat. La mobilisation ne fait que commencer. Elle doit s’amplifier, s’étendre à tout PCH mais aussi gagner les autres bailleurs qui n’échapperont pas aux fortes hausses de l’énergie et à ses conséquences pour leurs locataires si rien n’est fait. Cette bataille fait partie intégrante de celle plus générale sur le pouvoir d’achat.