Besançon a le triste privilège d’être la première ville dans laquelle le réseau de transports en commun Kéolis, qui a la délégation de service public dans de nombreuses villes, met en place un système électronique de contrôle à distance des passagerEs. Pour l’instant deux lignes de bus sont munies de ce que Ginko, l’opérateur local de Kéolis, appelle le « Fraudomètre ». Mais ce dispositif devrait, dès juillet, être étendu à toutes les lignes de bus et trams de la ville.
Quel en est le principe ? Des capteurs sont installés dans les bus et dans les tramways pour compter le nombre de voyageurEs. Des capteurs dotés de caméras pour distinguer les adultes des enfants, et les humains des animaux pour qui le transport est gratuit. Ce nombre est ensuite comparé à celui des validations des titres de transports. Selon les propres termes de Ginko : « À chaque arrêt, l’écran d’information voyageur à bord du bus affiche le nombre de voyageurs en règle et le nombre de fraudeurs, suivi d’un message de félicitations, d’encouragement ou d’alerte. Le fraudomètre vise à encourager la validation, obligatoire à chaque montée et ambitionne le changement de comportement des voyageurs en situation de fraude. » Dans le jargon des sciences comportementales, on appelle ça le « nudge ». Une méthode douce destinée à faire adopter aux individus un comportement plus vertueux, sans les contraindre.
Vers un système de « crédit social » ?
Cela a été la méthode utilisée par le gouvernement durant toute sa gestion de l’épidémie de Covid. C’est cette technique qui a, entre autres, accouché de l’auto-attestation qu’on devait remplir et qui nous autorisait à sortir à moins d’un kilomètre de chez nous et pendant une heure maximum durant le premier confinement. Le pass sanitaire a suivi.
Un pas est franchi dans la surveillance de masse Aujourd’hui votre éventuelle fraude sera signalée à tous et toutes les voyageurEs du véhicule de façon anonyme. Mais avec les caméras à reconnaissance faciale qui commencent à fleurir dans nos villes, ce sera un jeu d’enfant de se connecter à notre carte d’identité biométrique, notre titre de transport avec puce intégrée, etc.
Demain le nom et le visage du fraudeur ou de la fraudeuse sera-t-il affiché sur l’écran du bus et les contrôleurs seront-ils informés en temps réel ? Le « crédit social »1 du fraudeur ou de la fraudeuse sera-t-il amputé de plusieurs points ? Voilà le beau monde qui nous est préparé. Par qui ? Par une municipalité EÉLV, PS et PCF qui obtient la primeur d’un début de système de « crédit social » à la chinoise.
L’heure de la résistance a sonné pour contrer ces mesures éminemment liberticides. Rappelons que la maire de Besançon, Anne Vignot, envisageait un geste pour inciter les habitantEs à prendre les transports en commun plutôt que la voiture. Le PCF et À Gauche citoyens, eux, sont pour la gratuité, seulement pour les moins de 26 ans. Mais avec la gratuité totale comme nous le proposons et comme cela se fait dans de nombreuses villes : pas de fichage, pas de flicage ! Et pas de dystopie2.
- 1. Le « crédit social » instauré en Chine est « un système national de réputation des citoyens et entreprises, inspiré du score de crédit des États-Unis, mais en y ajoutant un système de récompenses et de pénalités pour ceux respectant ou ne respectant pas les règles édictées. Chacun d’entre eux se voit attribuer une note, échelonnée entre 350 et 950 points, dite "crédit social", fondée sur les données dont dispose le gouvernement à propos de leur statut économique et social. » (Wikipedia)
- 2. « Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’il soit impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer une autorité totale et sans contraintes de séparation des pouvoirs, sur des citoyens qui ne peuvent plus exercer leur libre arbitre. » (Wikipedia)