Publié le Mercredi 22 septembre 2021 à 07h08.

Et pendant ce temps-là, les fachos établissent des fichiers

Un fichier d’« islamo-gauchistes » en ligne sur un site d’extrême droite. Lorsque l’information a été rendue publique en fin de semaine dernière, émotion et colère ont saisi des dizaines de milliers de militantEs syndicaux, associatifs et politiques, a fortiori les centaines qui ont découvert leurs noms dans ledit fichier. Petit à petit, il s’est avéré que les fachos de FDesouche n’avaient pas mené une grande enquête pour établir ce fichier, puisqu’ils semblent s’être contentés de reprendre, à peu de choses près, la liste des signataires de l’appel à la marche du 10 novembre 2019 contre l’islamophobie. L’existence d’un second fichier a également été révélée, qui recense les noms et les coordonnées de près de 800 collectifs et associations d’aide aux migrantEs, là aussi « recopiés » depuis des listings établis par d’autres.

Que FDesouche se soit contenté ou non de mettre dans un fichier des informations qui étaient déjà publiques n’est pas le problème. Les faits sont là, et ils sont têtus : des petits fachos ont établi et rendu publiques des listes de celles et ceux qu’ils considèrent comme des ennemiEs, en accolant à des noms des caractérisations politiques, des informations concernant les opinions religieuses – réelles ou supposées, ou encore des données professionnelles. Pour quel usage ? On se le demande bien, et au vu du contexte global, quand bien même on serait convaincu que le pire n’est jamais certain, il y a de quoi ne pas prendre les choses à la légère.

Car au-delà de l’existence de ces fichiers, c’est ce que cette existence dit de la situation politique et des dynamiques en cours qu’il s’agit de considérer. Et force est de constater que dans un pays où des ministres lancent la chasse aux « islamo-gauchistes » à l’université ou continuent de vouloir criminaliser la solidarité avec les migrantEs, du côté de l’extrême droite on se sent autorisé à aller toujours plus loin, en commettant des agressions et en établissant des listes. Il y a quelque chose de vraiment pourri dans la France de 2021 et, s’il ne s’agit pas de céder à la paranoïa, il serait grand temps que certains ouvrent les yeux : les fachos sentent qu’ils ont le vent en poupe et voient que leurs amis accèdent au pouvoir dans certains pays, quitte à réaliser des coups de force dans la rue et à violemment intimider toute opposition. Le caractère nécessaire de la construction d’une riposte antifasciste, dans toutes ses dimensions, n’est pas une lubie gauchiste : c’est une évidence, et il y a urgence.