Publié le Mardi 9 février 2021 à 17h24.

Loi «séparatisme» : le gouvernement est responsable de la surenchère islamophobe

Comme on pouvait s’y attendre, l’examen du projet de loi « séparatisme », rebaptisé « confortant le respect des principes de la République », est l’occasion d’une surenchère islamophobe à l’Assemblée et dans les médias dominants. Une surenchère dont le gouvernement porte l’entière responsabilité.

« Le voile nest pas un vêtement anodin, cest l’étendard de lislamisme et de son idéologie. » Ainsi s’exprimait Éric Ciotti, député LR des Alpes-Maritimes, à l’Assemblée nationale le 2 février. Illustration parmi bien d’autres des propos tenus au Parlement et dans les médias par la droite et l’extrême droite à l’occasion de l’examen du projet de loi « séparatisme ». Et dans la course à l’outrance, le Rassemblement national n’est évidemment pas en reste, avec par exemple les déclarations du député européen Jean-Paul Garraud, auteur d’un « contre-projet de loi » : « Il ne viendrait pas à l'idée aujourd'hui de contester la lutte contre le nazisme. Ça tombe sous le sens. Et bien, il faut que la lutte contre l'islamisme tombe également sous le sens. »

« La mise en scène d’une république faible face à un séparatisme fort »

Face à ces déclarations et aux multiples amendements visant à durcir encore un peu plus la loi « séparatisme » en multipliant les interdictions et les atteintes aux libertés des musulmanEs, le gouvernement fait mine de s’offusquer. Comme si ce n’était pas lui qui avait ouvert la boîte de Pandore et fait délibérément le choix de jeter en pâture les musulmanEs avec ce projet de loi par essence stigmatisant et discriminatoire1.

La dangereuse arnaque de la loi « séparatisme » a été brillamment résumée par le sociologue Marwan Mohammed le 9 décembre dernier lors de l’émission « À l’air libre » sur Mediapart : « [La loi] met en scène une république faible face à un séparatisme fort ». On peut ainsi lire dans l’exposé des motifs de la loi cette formule : « La république n’a pas suffisamment de moyens d’agir contre ceux qui veulent la déstabiliser ». C’est donc bien le registre de la menace existentielle qui a été adopté par le gouvernement, dans la droite ligne des déclarations de Macron lors de son discours d’octobre 2020 consacré à la « lutte contre le séparatisme ».

Une loi islamophobe et liberticide

La surenchère actuelle n’est évidemment pas, dès lors, une surprise. Et le « débat » entre, d’une part, le gouvernement et, d’autre part, la droite extrême et l’extrême droite, malgré les mises en scène et les effets de tribune, ne porte pas sur la logique générale du projet de loi. Pour ces gens, la question n’est pas de savoir si les musulmanEs doivent être visés par des mesures discriminatoires et liberticides, mais jusqu’à quel point ils et elles doivent l’être. Les débats caricaturaux et nauséabonds autour du port du voile (l’interdire partout ou « seulement » sur les lieux de travail ?) sont à cet égard exemplaire.

Face à cette nouvelle déferlante islamophobe et liberticide, qui préfigure malheureusement le type de campagne présidentielle que certains voudraient nous imposer, il s’agit de ne pas tergiverser : contre l’islamophobie, sous toutes ses formes, et d’où qu’elle vienne ; pour l’égalité totale des droits ; en défense des libertés démocratiques, individuelles et collectives. De premières initiatives contre la loi « séparatisme » avaient été prises en décembre dernier : le NPA en a été partie prenante, comme il sera partie prenante de toutes les mobilisations à venir contre cette loi raciste et liberticide.

  • 1. Sur le contenu du projet de loi, lire Roseline Vachetta, «L’obscurantisme autoritaire de la Loi "séparatisme"», l’Anticapitaliste n°546, 3 décembre 2020 : https://lanticapitaliste…