Publié le Mercredi 2 juillet 2014 à 14h37.

One, two, three, dehors Estrosi !

Après les matches de l’Algérie, nous avons eu droit à un déluge raciste. Estrosi, le maire UMP de Nice, a même interdit « l’utilisation ostentatoire de drapeaux étrangers dans l’hypercentre » de sa bonne ville (cf. No comment)... Et son compère Mariani a parlé de « voyou[s] » et de « délinquant[s] ». Marine Le Pen a demandé la déchéance de nationalité française des binationaux. Nicolas Bay, député européen FN, a parlé d’« exactions », c’est-à-dire d’actes de violence et de sévices... à propos des manifestations de joie après la victoire de l’Algérie contre la Russie. Valls a surfé sur la vague, se félicitant qu’il y ait « heureusement beaucoup d’interpellations ». Chacun semble découvrir les excès du football. Pourtant, l’écrivain George Orwell avait prévenu : « le sport, c’est la guerre, les fusils en moins ». Effectivement, les drapeaux français sur la place de l’Hôtel-de-Ville, le « Vengez-nous de Séville ! » lancé aux joueurs français par l’ex-joueur Maxime Bossis à propos du prochain match France-Allemagne, au moment même où un nouveau budget d’austérité est en discussion à l’Assemblée nationale. Tout cela sent fort l’union sacrée, le ralliement d’un peuple supposément uni au-delà des classes sociales derrière ses prétendus représentants.À tel point qu’Hollande ne sait plus où donner de la tête ! Comment tenter de faire remonter sa cote de popularité ? Vaut-il mieux tenter de se déguiser en 25e joueur (le numéro 24 étant déjà attribué à Najat Vallaud-Belkacem…) en partant au Brésil, ou défiler avec les militaires le 14 Juillet ? Sérieux dilemme… Alors, ne tombons pas dans le piège : en stigmatisant les supporters de l’équipe d’Algérie, la droite, l’extrême droite et le gouvernement se retrouvent dans leur tentative de division des classes populaires. Quoi de plus compréhensible pour des jeunes dont la culture et la religion sont méprisées, qu’on accuse de tous les maux alors qu’ils sont les premières victimes de la misère sociale, que de vouloir s’exprimer et être visibles ? Avec tous les oppriméEs et les exploitéEs, mobilisons-nous pour dégager l’extrême droite et les racistes !

Antoine Pelletier