Publié le Dimanche 10 janvier 2010 à 15h09.

2009 en France : les contre-réformes à marche forcée

Retour sur les faits marquants de l’année en quelques mots.AutomobileLa crise arrivée en France fin 2008 fait ses premières victimes dans le secteur de l'automobile. Renault, Peugeot, mais également les sous-traitants et les équipementiers licencient pas milliers et recourent sans compter au chômage partiel, avec toutes les conséquences dramatiques sur les travailleurs et leurs familles. Face à cette catastrophe économique, le gouvernement choisit de donner des milliards aux patrons du secteur plutôt qu'aux travailleurs. Continental, Michelin, Goodyear, Ford, Freescale, PSA, Dunlop... des centaines de salariés tentent d'empêcher les licenciements ou d'en réduire les conséquences en obtenant de meilleures indemnités. Le 17 octobre, ils convergent à Paris pour une manifestation devant la Bourse. BachelotDes accidents sur-médiatisés durant l'été sans remise en cause du système de santé et une loi Hôpital, patients, santé, territoire (HPST) réformant les hôpitaux : cette année 2009 aura vu l'actualité de la santé au devant de la scène sociale. Sarkozy exigeait « un patron, un seul, le directeur » pour les hôpitaux. La transformation de l’hôpital public en entreprise rentable dénoncée par l’appel des 25 n’est en effet qu’une partie du projet global et cohérent qu’est le projet de loi Bachelot, projet de marchandisation de la santé. La loi prévoit également grâce à la création des Agences régionales de santé (ARS), la réduction de la place du service public hospitalier au profit de la médecine libérale, des cliniques privées et du secteur médico-social associatif. Il organise enfin la restructuration des hôpitaux publics accompagnée de la fermeture des services d’urgence, de chirurgie et des maternités des hôpitaux de proximité. Heureusement la résistance s'organise et du chef de service à l'aide-soignant, la mobilisation se construit et permet, malgré le vote à l'Assemblée nationale, de poursuivre la bataille encore aujourd'hui et tout au long de cette année 2010.

EDF GDFEn mai, les agents d'EDF et de GDF se sont mobilisés pour obtenir 5 % d'augmentation, une prime de 1 500 euros et la fin de l'externalisation des missions. Grève, coupures, application des tarifs heures creuses se succèdent et les seules réponses de la direction sont les poursuites disciplinaires, les procès en référé. La répression policière fut de la partie alors que les grévistes s'apprêtaient à tenir une assemblée générale devant le siège de l'Unité réseau Paris et de l'Unité client, la police a arrêté 74 salariés. Aujourd'hui, plusieurs salariés ont commencé l'année comme ils l'avaient terminée, en grève de la faim afin de s'opposer aux sanctions qui sont encore prises quelques mois après le mouvement à l'encontre des syndicalistes et de certains salariés. Identité nationaleÀ quelques mois des élections régionales, le gouvernement en perte de vitesse ressort les vieux procédés nauséabonds. Besson, le caniche de Sarkozy, s'y colle en lançant un « débat sur l'identité nationale » fin octobre. En plus de racler les poubelles du FN, il compte bien diviser les travailleurs qui résistent contre les mesures injustes et les licenciements, en prenant les immigrés et en particulier les musulmans comme boucs émissaires. Les débats comme le site gouvernemental ouvert pour l'occasion sont le creuset des dérives les plus racistes. Mais la réaction existe et un collectif de chercheurs lance une pétition pour la fermeture du ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale. HadopiRejetée en avril par une Assemblée nationale déserte, la loi Hadopi est présentée à nouveau et adoptée en septembre. Prétendue protectrice des droits des auteurs, cette loi liberticide contre les internautes est surtout un moyen de conforter les majors de l'édition. IVGAprès la fermeture de plusieurs centres IVG en Île-de-France, un collectif de soutien se met en place contre la fermeture du centre IVG de l'hôpital Tenon dans le 20e arrondissement de Paris. Entre les manques d'effectifs et de budget, l'IVG risque de devenir un droit virtuel dans le pays. JungleSarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait juré en 2002 qu'il fermerait le centre de Sangatte qui accueillait les réfugiés, souvent afghans, souhaitant passer en Grande-Bretagne. Résultat, des milliers de migrants se sont trouvés dans une situation encore pire. Campant depuis des années autour de la gare de l'Est à Paris avant de retrouver ceux qui restent autour de Calais dans l'attente d'une possibilité de passer le tunnel. Mais une fois encore, Besson a répondu présent pour les pires ignominies. Le 22 septembre, avec les forces de l'ordre et sans oublier les caméras, il fait arrêter 278 migrants dont 132 mineurs et déclare « Je remercie les CRS d'avoir agi avec délicatesse ». Il va encore plus loin en novembre en expulsant trois Afghans vers leur pays en guerre et réitère en décembre. LaitÀ partir du mois de mai et jusqu'à l'automne, les producteurs de lait se battent pour vivre dignement. Avec des revenus en chute de 30 % en un an, ils refusent la politique du gouvernement qui consiste à privilégier les grosses exploitations au détriment des petits producteurs et des consommateurs qui continuent de payer le lait au prix fort. MillionsÀ l'appel des syndicats, près de deux millions de manifestants défilent dans toute la France le 29 janvier pour exiger du gouvernement un changement de cap. Le 19 mars, le record est battu et près de trois millions de personnes manifestent. De nombreuses entreprises du privé rejoignent la grève. Mais ce succès est bradé par les syndicats qui se contentent d'appeler à une prochaine manifestation le… 1er mai ! Celle-ci, bien que réussie, marque un premier recul, confirmé lors des manifestations suivantes les 26 mai et 13 juin, pour lesquelles il n'y a même pas d'appel clair à la grève. Les syndicats jouent là un bien triste rôle, éteignant un mouvement qui aurait pu être massif. Cela est notamment reproché à la CGT lors de son congrès en décembre. NPAAu lendemain de la dissolution de la LCR, le NPA voit officiellement le jour le week-end du 12 février. Son congrès de formation est placé sous le signe des luttes et de l'internationalisme avec la participation de camarades du LKP et de nombreuses organisations anticapitalistes de tous les pays. Revendiquant entre 9 000 et 10 000 membres fondateurs, le jeune parti est très vite confronté aux élections européennes en juin et obtient un score honorable avec 4,8 % au niveau national. Mais au sein même du NPA, les tactiques du parti concernant les élections sont l'objet de nombreux débats qui se poursuivent pour décider de la ligne à adopter pour les élections régionales de 2010. Pour autant, la vie ne s'arrête pas aux échéances électorales, et malgré une situation sociale parfois morose, le NPA lance sa campagne pour l'emploi en octobre, soutient les luttes aussi bien de l'automobile, du secteur de la santé, des sans-papiers... sans oublier la campagne Boycott désinvestissement sanctions contre Israël. Pôle EmploiAlors que sous l'effet de la crise, le chômage monte en flèche en 2009 pour atteindre près de 10 % de la population à la fin de l'année, la fusion calamiteuse des Assedic et de l'ANPE  aggrave largement la situation. Conseillers non formés, submergés par des dossiers qu'ils n'ont pas le temps matériel de traiter, plateforme téléphonique aux abonnés absents, cette situation insupportable aboutit à des grèves d'ampleur en fin d'année des agents de Pôle Emploi. PosteLe gouvernement Fillon choisit de s'attaquer au service public postal en fixant à l'automne le débat parlementaire sur la privatisation de La Poste par le biais d'un changement de statut et de l'ouverture du capital. Bien sûr, comme à chaque privatisation, les belles promesses ressurgissent, identiques en tous points à ce que Sarkozy avait promis pour EDF GDF. Seulement, la résistance des postiers et des usagers permet d'organiser une immense votation citoyenne afin d'exiger un véritable référendum sur le changement de statut de La Poste. 2 300 000 personnes s'expriment lors de cette votation. 97,5 % de non contre le changement de statut ont fait de cette mobilisation un véritable succès. RSAPrenant la place du RMI, de l'allocation pour adulte handicapé et de celle pour parent isolé, le RSA aggrave la précarité de milliers de personnes, tout en offrant une main-d'œuvre au rabais pour les patrons. RépressionAlors que Julien Coupat croupit dans une geôle depuis la fin de l'année 2008, 2009 voit l'État se déchaîner contre tous ceux qui résistent. Manifestants arrêtés le 19 mars ou encore à l'issue du contre-sommet de l'Otan à Strasbourg début avril, enquête pour incitation à la haine raciale à l'encontre d'Élie Domota, syndicalistes d'EDF GDF ou de Continental traînés en justice, la répression du mouvement social et l'intimidation montrent que le gouvernement met tout en œuvre pour écraser la résistance dans l'œuf. Sans-papiersSur-exploités et sous-payés par des patrons qui profitent de leur situation, harcelés par la police qui se livre à de véritables rafles au faciès pour respecter les « objectifs » de reconduites à la frontière de Besson, 1 500 sans-papiers se mettent en grève le 12 octobre avec le soutien des syndicats. Ils réclament une circulaire globale de régularisation « on bosse ici, on vit ici, on reste ici ! ». Malgré la répression qui s'abat sur certains piquets, malgré le froid, ils sont environ 6 000 à la fin de l'année et de nouveaux piquets se créent, notamment à Joinville-le-Pont. Leur combat est un coin enfoncé dans le système, une épine dans le pied du gouvernement et leur détermination est exemplaire pour les anticapitalistes. TVASarkozy n'hésite pas à grever encore davantage le budget de l'État en baissant la TVA dans la restauration. Résultat, 3 milliards de cadeaux aux patrons du secteur, mais quasiment pas d'embauches ni d'augmentation de salaire pour les salariés. UniversitésLa loi LRU brade la formation des enseignants à travers la mastérisation qui va déconnecter les concours de recrutement de la formation et renforcer la précarité. Elle vise à soumette au bon vouloir des présidents d'université les conditions de travail des enseignants-chercheurs et la répartition entre recherche et enseignement. Plusieurs grandes manifestations, les 19 février et 19 mars, ont contraint François Fillon au rôle de pompier de service : réécriture du décret de Valérie Pécresse sur les enseignants-chercheurs et engagement à ne pas recourir à des suppressions de postes en 2010 et 2011. Mais la réécriture n'est pas le retrait et le gouvernement ne revient pas sur les 1 030 suppressions de postes planifiées pour 2009.