Ce sera finalement une triangulaire car sur la route un candidat, le macronien, a fusionné avec le maire en place, le juppéiste. Dans l’histoire on ne perd rien, ni diversité, ni idée, ni programme. On y gagne au contraire en clarté, avec une droite divisée un moment mais qui sait se serrer les coudes et se réunifier face à la menace d’une possible défaite électorale. En face de cette droite, qui s’accroche au pouvoir, il y la candidature EÉLV/PS avec tout ce qu’ils ont pu rassembler de la gauche en miettes, et notre liste anticapitaliste « Bordeaux en luttes » qui fait figure d’intrus.Officiellement l’enjeu historique de cette élection, c’est la défaite possible de la droite après plus de 70 ans de domination. Les regards sont donc logiquement braqués sur cette « gauche » qui pourrait l’emporter. Il faut dire que le ras-le-bol et l’envie de changement sont bien là. Mais cette gauche bordelaise est si terne, ayant notamment cogéré la métropole avec Juppé pendant plusieurs années, que la motivation de beaucoup parmi les habitantEs bordelais, c’est d’abord la défaite des juppéistes (encore plus avec leur nouvel allié macronien) avant la victoire d’une gauche écologiste qui suscite en réalité peu d’espoir de changement.
Une volonté de nous « effacer »
Mais même si nous sommes mis dans la position de l’empêcheur de « libérer » Bordeaux de la droite, nous ne sommes pas si dénigrés que cela. Bien sûr, la liste EÉLV/PS attaque, en coulisses, sur les réseaux sociaux, certains nous qualifient de « traîtres », de diviseurs et de faire le jeu de la droite. Mais on ne plie pas, on ne se range pas derrière eux. Alors officiellement, ils préfèrent faire comme si nous n’étions pas là, parlant de deux choix politiques au deuxième tour. Nous critiquer, ce serait forcément débattre, assumer des positionnements, ce dont ils sont incapables.
Cette volonté de nous « effacer » traduit bien le mépris de ces politiciens de gauche qui se sentent les seuls légitimes à prendre les postes. Les militantEs contestataires que nous sommes, les habituéEs des manifestations et non pas des salons comme eux, appartenons à un autre monde que le leur.
Leur seul angle d’attaque « officiel », c’est de dire qu’ils ont un programme pour Bordeaux contrairement à nous qui aurions un programme « national ». Oui c’est vrai, nous n’avons pas le même programme. Et nous ne parlons pas seulement de planter des arbres, d’agrandir les trottoirs ou de construire des kilomètres de pistes cyclables.
Mais nous ne sommes pas moins « bordelais », et tout autant préoccupés par « notre ville » dans le sens où on y vit tous les jours, préoccupés par les logements dégradés, les transports qui sont chers et peu adaptés, par l’absence de services publics de proximité, par la pollution de l’air, par la pauvreté et la précarité qui frappent dans plusieurs quartiers populaires de Bordeaux…
Nous voulons l’arrêt des politiques antisociales
Notre programme essaie de poser les problèmes politiques de fond. Si nous voulons changer les choses, remettre en cause la politique de la droite, politique au service de la bourgeoisie bordelaise, au service des capitalistes bordelais ou autres, il faut inévitablement dénoncer les politiques libérales, de marchandisation, de détournement des richesses vers les caisses des spéculateurs de l’immobilier et tant d’autres rapaces de la finance ou de l’industrie.
En clair, nous ne voulons pas seulement la défaite de la droite bordelaise, nous voulons l’arrêt des politiques antisociales, nous voulons le respect de nos vies, de nos droits, de notre environnement. Pour cela, les paroles, les promesses de campagne ne peuvent suffire, cela suppose se confronter au pouvoir des possédants, aux logiques économiques qui sont en place et à la vie politique telle qu’elle est organisée.
C’est pour cela que nous défendons une démocratie directe, une population qui prend ses affaires en main, la création d’outil de pouvoir de décision et de contrôle pour les habitantEs dans les quartiers, qui permette de redistribuer les richesses envers tout le monde.
Nos éluEs au parlement bordelais seraient ainsi des relais des revendications populaires, les points d’appui des luttes et résistances des associations, syndicats, collectifs, des habitantEs organisés ou pas, pour mettre en place des projets qui viendraient d’en bas, la meilleure façon de répondre aux besoins.
L’enjeu de cette élection, c’est donc aussi notre résultat et le nombre de conseillerEs qui seraient élus, car la bataille ne fera que commencer au lendemain du 28 juin, avec l’objectif d’organiser la mobilisation et la résistance partout où cela sera nécessaire.
En fait, le vote utile à « gauche » c’est notre liste, c’est la défense de notre camp social, c’est un programme de luttes pour répondre aux urgences sociales, écologiques, démocratiques.