Comme chaque année, le groupe de Chambéry de la Fédération anarchiste organisait vendredi 20 octobre sa soirée de rentrée dans un bar bien connu du milieu militant chambérien.
Au programme, concert de rebetiko (musique populaire grecque), ambiance familiale et repas partagé. Aux alentours de 21 heures, alors que le concert vient de débuter à l’intérieur du bar, une douzaine de néonazis débarquent et se postent sur le trottoir d’en face.
La réaction collective est immédiate et des slogans commencent à être lancés par les personnes présentes à l’extérieur. Rapidement alertés, ceux qui écoutaient le concert sortent et un groupe se forme afin d’éviter que les nervis d’extrême droite n’investissent le lieu. Puis la douzaine de fachos lancent l’assaut, certains armés de triplex (ceinture en métal) ou de chaînes de vélo. Rapidement repoussés dans une rue adjacente, ils finissent par s’enfuir peu avant l’arrivée de la police alertée par les voisins. La soirée reprend petit à petit son cours pendant que les parents rentrent chez eux avec leurs enfants et les deux blessés les plus graves sont accompagnés à l’hôpital.
Parmi la douzaine d’agresseurs, certains sont bien connus des militants antifascistes chambériens. On retrouve pêle-mêle des militants d’Edelweiss Pays de Savoie, de Civitas et un militant du Front national jeunesse (FNJ). Un militaire du 13e bataillon de chasseurs alpins, basé à Chambéry, était également de la partie. Voilà quelques mois que l’on remarque un rapprochement entre le groupuscule néofasciste Edelweiss Pays de Savoie et le mouvement catholique intégriste Civitas dont Alexandre Gabriac a été le candidat aux dernières législatives. Il n’est pas étonnant de retrouver dans cette équipe de gros bras un militant du FNJ, tant la frontière entre ces organisations est poreuse, bien loin de la dédiabolisation annoncée par Marine Le Pen. Tous ces bas du front se réunissaient le lendemain pour une conférence organisée par Civitas sur la guerre d’Espagne en présence de Gabriac et de… David Berton responsable du FNJ Savoie.
Quelques agressions isolées avaient déjà eu lieu à l’encontre de jeunes repérés comme antifascistes, mais une telle attaque contre un événement militant est inédite à Chambéry. Les réactions de soutien et de solidarité n’ont pas tardé, notamment celle du NPA dont un des militant a été légèrement blessé lors de la soirée. Une manifestation unitaire a réuni, samedi 28 octobre, 300 personnes, encadrées par un dispositif policier là aussi inédit. Des Lyonnais, Grenoblois et Hauts-Savoyards sont également venus manifester à nos côtés. La manifestation a reçu un bon accueil de la population et a traversé les rues de Chambéry en musique et en slogans, dans une ambiance bon enfant et déterminée.
À l’heure où des militants néonazis se préparent à commettre des attentats (affaire Logan N.) et où l’extrême droite progresse un peu partout en Europe, il ne faut surtout pas pas baisser la garde et combattre cette peste brune partout où elle se trouve.