« Le travail d’EDF, c’est de faire tourner les centrales ; le travail du gouvernement, c’est qu’il y ait une planification ; le travail de tout le monde, c’est qu’on déroule la sobriété ». Une fois de plus, face aux « scénarios de la peur », Macron a répété son mantra, la fameuse « sobriété », qu’il a pourtant bien du mal à s’appliquer à lui-même et sa caste de dirigeants politiques et d’entreprise.
Et pour cause ! Le discours des uns sur la sobriété cache mal la pauvreté des autres. Quand près de la moitié du gouvernement Borne est millionaire et que les profits des grands patrons sont au plus haut, on imagine mal qu’ils comprennent ce que signifie privation, faim et mal-logement.
Marche ou crève
Pourtant, les conséquences sociales concrètes de l’inflation et de l’aggravation continue des inégalités depuis des décennies pour des dizaines de milliers de familles sont bien là. Nul ne veut les voir au gouvernement, nul ne veut les prendre en charge. Bien au contraire ! Les pauvres, le gouvernement les criminalise. Il les opprime et les appauvrit davantage, qu’ils soient d’ici ou d’ailleurs.
Ainsi, avec sa réforme de l’assurance chômage, le gouvernement réduit la durée d’allocation de 25 % et conditionne l’attribution du RSA à une activité minimum de 15 ou 20 heures minimum par semaine. L’accès aux allocations sera même refusé en cas d’abandon de poste et de refus de CDI après CDD et intérim. « Marche ou crève ! », semble dire le gouvernement, qui s’apprête d’ailleurs à repousser l’âge de départ à la retraite à 65 ans.
Se loger, un droit… pour les propriétaires
Non content de s’attaquer aux chômeurEs, en prétendant les remettre sur le droit chemin du travail, le gouvernement s’en prend maintenant aux mal-logéEs. La loi qui vient d’être adoptée par l’Assemblée, a été voulue et pensée par le lobby des propriétaires. Dénoncée par les associations de défense des mal-logéEs (voir l’Anticapitaliste n° 638), elle vient d’être durcie par les députéEs de la macronie avec le soutien des députéEs des Républicains et du RN. Tout un programme !
La pénalisation du squat est ainsi renforcée. Celui-ci est désormais passible de trois ans de prison et de 45 000 euros d’amende. Pire, en cas d’impayés de loyers, le propriétaire pourra unilatéralement résilier le bail, sans passer devant un juge… sauf si le locataire en fait la demande. Ainsi, unE locataire qui ne se serait pas auto-expulsé après un commandement définitif de quitter les lieux pour impayé de loyer peut désormais écoper de six mois de prison ferme et 7 500 euros d’amende. Le Secours catholique, pourtant peu suspect de vouloir renverser l’ordre établi, alerte d’ores et déjà sur un possible doublement des procédures d’expulsion.
Les migrantEs pourchassés
Pour des milliers de migrantEs, la pauvreté s’accompagne de répression, de menaces directes d’expulsion du territoire français. Sans ressources et sans toit, comme ces 400 jeunes qui vivaient depuis l’été dans un campement à Ivry-sur-Seine (94) et occupent depuis quelques jours le parvis du Conseil d’État, les migrantEs sont sous la menace de Darmanin et Dussopt avec leur nouveau projet de loi immigration.
Sous la pression du RN, Darmanin prévoit que, dans le cadre de la nouvelle loi, les préfets veilleront « à leur [les migrants] rendre la vie impossible, par exemple en s’assurant qu’elles ne bénéficient plus de prestations sociales ni de logement social ». Il veut aggraver encore plus leurs conditions de survie en supprimant toute aide et notamment une des seules à laquelle les sans-papiers ont droit : l’aide médicale d’État (AME).
Et c’est loin d’être fini, car, comme pour les pauvres, il faut séparer les « gentils migrants » (ceux qui travaillent et se tuent à la tâche) des « méchants », et user la « chair à patrons ». Alors, pour faciliter le recrutement d’étrangerEs à la demande des employeurs dans les « métiers en tension », c’est-à-dire avec des postes vacants en raison des conditions de travail, des salaires de misère ou des horaires de travail, des négociations avec les organisations professionnelles sont prévues. Le titre de séjour serait d’un an maximum.
Faire taire le monde du travail
Orchestrées avec vigueur depuis quelques mois par le gouvernement Borne et les députéEs Renaissance, sous la pression de la droite et de l’extrême droite, ces politiques signalent que le néolibéralisme de Macron n’a plus peur des recettes autoritaires. Le gouvernement organise de façon systématique la chasse aux pauvres et à la pauvreté pour la reléguer, la rendre invisible sans jamais la combattre.
Il coordonne la mise au pas des travailleurEs les plus pauvres pour mieux renvoyer au silence l’ensemble du monde du travail. Un objectif indispensable pour que l’exploitation capitaliste qu’il défend continue et que les profits croissent. Plus que jamais il est nécessaire que le monde du travail s’unisse contre toutes ces lois et ces projets qui nous divisent et nous écrasent. Le combat est devant nous.