C’était la question centrale posée à ce congrès 2022 qui suit une série d’importants succès électoraux, notamment aux européennes et municipales. Série qui s’est close par un échec à la présidentielle (4,3 % pour Y. Jadot) et l’entrée dans la Nupes permettant la constitution inespérée d’un groupe de 23 députéEs à l’Assemblée.
Comment écrire la suite ? « La suite » est justement le titre du texte d’orientation arrivé en tête (46 %) parmi les 6 proposés au vote (auquel 44 % des 12 600 adhérentEs ont participé). Loin devant « Printemps écolo » défendu par S. Bussière et Y. Jadot (18 %), et « T.E.R.R.E., nos luttes » (13 %) texte le moins tourné vers les institutions et soutenu par la députée S. Rousseau. Un large accord (86 %) a désigné l’élue municipale d’Hénin-Baumont, Marine Tondelier, comme secrétaire nationale.
Ligne antilibérale
C’est « l’habitabilité de la planète » qui est désignée comme « mère de toutes les batailles du siècle ». « La promesse d’abondance du capitalisme libéral […] s’est transformée en massacres des écosystèmes marins et terrestres, en flambée des prix, en émeutes de la faim. […] ce sont les plus pauvres, a fortiori dans les pays des Suds, qui subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique ». En alternative au « techno-capitalisme » et à « l’impasse du libre marché », il est proposé de créer « une économie proche, simple et durable : une économie des communs, du partage des biens et du travail ». EÉLV veut incarner « une écologie radicale, de rupture », reprend à son compte « les principes écoféministes », s’engage « contre les systèmes de domination ». Si le péril de l’extrême droite est clairement souligné, en France mais aussi partout en Europe, les institutions de l’UE sont très peu critiquées. Ce que dans d’autres milieux militants on appelle aussi la « mère de toutes les batailles », celle des retraites, est ici totalement absente…
« Plus que lancer des alertes, prendre le pouvoir »
Avec ses résultats électoraux riches en paradoxes, avec plus d’éluEs que jamais, EÉLV ne se résigne pas au revers de la présidentielle et entend bien contester l’hégémonie gagnée par LFI sur la gauche : « Notre rôle ne peut plus se réduire à lancer des alertes ou à écologiser la gauche ». Si la Nupes n’est pas rejetée, il est cependant dit que « son succès fut relatif ». C’est ce qui est escompté avec la ligne d’autonomie affirmée nettement pour les européennes : rééquilibrer le rapport de forces au sein de la Nupes. Les préoccupations sont ici d’abord institutionnelles. Ce qui ne colle pas avec les urgences du moment qui imposent de sortir du système capitaliste.
La Nupes et l’antifascisme restent cependant en débat
Bien que nettement battue, la motion « T.E.R.R.E., nos luttes » pose des questions qui restent ouvertes. La nécessité de l’ancrage à gauche de l’écologie y est affirmée. Cette ligne, qui avait obtenu 49 % lors de la primaire ouverte qui avait rassemblé 100 000 voix, avance des propositions concrètes pour donner corps au besoin d’unité qui s’exprime. Le texte propose de « créer un réseau transpartisan, intersyndical et interassociatif contre l’extrême droite ». Chiche !
Tous les textes en débat se réclamaient de l’écologie radicale mais les références multiples au combat contre les oppressions spécifiques ne peuvent occulter la réelle faiblesse des propositions sociales et économiques. Et sur le terrain des luttes, comme autour des mégabassines récemment, le débat a été vif, tant l’écart est parfois grand entre principes affichés et pratiques concrètes. Le rapport entre nécessaire radicalité et institutions exigera encore bien des débats ! Nous continuerons à discuter avec les militantEs EÉLV que nous côtoyons sur le terrain des luttes, militantEs qui ne se résignent pas à cantonner leurs combats sur le terrain électoral. L’urgence climatique et écologique va bousculer les schémas préconçus, soyons prêtEs à échanger pour convaincre de l’importance des propositions écosocialistes.