En Grèce le 17 septembre, la veille de la grève générale des fonctionnaires, les néonazis d’Aube dorée ont froidement assassiné Pavlos Fyssas, âgé de 34 ans, musicien connu pour son appartenance au mouvement anticapitaliste. Ce crime s’inscrit dans une une série d’agressions, de ratonnades contre des immigrants et des militants de gauche. Dans un pays ruiné par la troïka et les financiers, les néonazis jouent les mercenaires contre les organisations ouvrières et de gauche. Ici, la régression sociale, les tensions politiques sont moins fortes mais les mêmes tendances sont à l’oeuvre.
Surenchères réactionnairesMarine Le Pen peut se vanter d’être devenu « incontournable ». Sa propagande se nourrit des surenchères réactionnaires auxquelles se livrent Copé, Fillon et autres Valls... Ces derniers jours, les médias ont organisé une véritable campagne en défense du bijoutier de Nice qui a assassiné un jeune braqueur. Copé, Fillon et Valls se sont démultipliés pour exprimer leur compréhension, voire leur solidarité, en justifiant une prétendue légitime défense. Le Pen père a affirmé qu’il aurait agi comme le bijoutier. Les uns et les autres se saisissent de l’occasion pour vanter la loi du Far West, la loi du plus fort, la privatisation de la peine de mort ! C’est une véritable incitation au crime. Le maire UMP d’une ville du Nord a ainsi, par avance, justifié le fait qu’un habitant de sa commune puisse commettre « l’irréparable » contre un Rom. Cet étalage d’imbécillités aveugles ne peut que créer des situations de tensions et de violence dont seul le FN sera le gagnant contre toute la population. Cela ne sert qu’à dévoyer le mécontentement populaire.
Les fruits pourris des politiques d’austéritéCette démagogie ne prend que parce que le terrain lui est préparé par la politique du gouvernement contre les travailleurs et la population. Dans la continuité de Sarkozy, Hollande ment quand il prétend mener une politique qui nous sortira de la crise. Il continue la politique qui nous y a plongés en sacrifiant les intérêts de la population à ceux d’une minorité de financiers et de grands patrons. Lui et son gouvernement, les médias cherchent à nous bluffer en parlant de patriotisme économique, de défense de la France contre l’Allemagne, de compétitivité. Ils cherchent à nous diviser, contre les Roms et les musulmans. Et Marine Le Pen en encaisse les dividendes politiques... Maintenant, c’est Fillon qui court après le FN, lui qui posait au républicain intransigeant. Il le fait parce qu’un grand nombre d’élus UMP comptent se faire élire aux municipales avec les voix de l’extrême droite et qu’une large fraction des électeurs de l’UMP sont favorables à de telles alliances. L’indignation qu’il a soulevée en proposant, en cas de duel électoral entre le Front national et le Parti socialiste, de voter pour « le moins sectaire », est pour le moins hypocrite de la part de ses rivaux qui reprennent eux-mêmes le discours du FN pour séduire ses électeurs... tout en invoquant les grands principes républicains. Quant au PS, n’est-ce pas sa politique, ou les propos de Valls, qui donnent des armes à Le Pen ?
Notre issue, la mobilisation sociale et politiqueL’UMP et le PS servent de faire-valoir à Le Pen qui pose au défenseur du peuple en partant en guerre contre « l’UMPS ». C’est une imposture. Le FN ne défend en rien une politique qui répond aux besoins de la population. Il ne s’en prend ni aux patrons ni aux banques, il veut lui aussi nous imposer de continuer à payer la dette, de verser une rente aux financiers. Le repli national qu’il voudrait imposer ne serait qu’une concurrence exacerbée dont les salariés serait les victimes, soumis à la loi des patrons derrière les barbelés des frontières. Le FN n’a comme politique que la haine, la division, le racisme, la peur de l’autre, de l’étranger, le tout sécuritaire, la répression... En clair, la dictature contre le monde du travail et les classes populaires. Cette offensive réactionnaire occupe le terrain parce que les travailleurs n’ont pas encore trouvé la force de riposter aux attaques pour imposer leur propre réponse, sociale, démocratique, pour répondre aux besoins de la collectivité. De cette riposte dépend l’avenir de la société.
Yvan Lemaitre