Mercredi 28 avril 2021, la police française est allée, à l’aube, au domicile de dix anciens militantEs de l’extrême gauche italienne, réfugiéEs en France depuis les années 1980 ou le début des années 1990. Sept ont été arrêtés le jour même, deux autres se sont présentés à la police le lendemain. Sur demande de la procureure, les neuf réfugiéEs ont été mis en liberté conditionnelle sous contrôle judiciaire.
Une semaine plus tard, ils et elles ont été présentés à la chambre de l’instruction au palais de justice de Paris. La juge d’instruction a notifié à chacunE le mandat d’extradition du gouvernement italien en leur demandant si elles et ils étaient favorables à l’extradition. Leur réponse a été bien évidemment non. Ils et elles ont exprimé leur incompréhension, leur stupéfaction devant ce revirement de la position française à leur égard. Âgées (entre 65 et 78 ans), ayant des enfants et petits-enfants, étant intégréEs dans la société, ils et elles ne comprennent pas cet acharnement. Par ailleurs ils et elles savent que, comme Marina Petrella a pu le dire au tribunal : « On ne rentre pas en Italie pour purger une peine de perpétuité, on rentre pour mourir en prison ».
Demain, à qui le tour ?
Près de cinquante ans après les faits, quarante ans après que ces exiléEs ont été accueillis par la France, Macron renonce à la parole donnée par Mitterrand, en 1985, au nom de l’État français, et respectée par les présidents successifs de droite et de gauche. La procédure visant l’extradition des ItalienEs est hautement politique et opportuniste. Elle survient dans un climat de plus en plus sécuritaire où l’extrême droite se sent pousser des ailes des deux côtés des Alpes. Par leurs politiques répressives et autoritaires, les gouvernements Draghi et Macron contribuent au développement des idées réactionnaires et -dangereuses au niveau européen.
Face au risque d’extradition et en parallèle avec la procédure judiciaire et le travail des avocatEs de défense, la solidarité s’organise : constitution de comités de soutien à Saint-Denis, Paris, Montreuil, Toulouse, Lyon, Lille, fabrication de banderoles et participation au défilé du 1er Mai, rédaction de tribunes par des personnalités dans la presse, création d’une page Facebook 1 et d’un site internet, organisation de concerts et autres événements festifs, témoignages, soutien financier. L’objectif est d’élargir au maximum les actions de solidarité à la fois avec des personnalités mais aussi avec des simples citoyenEs, militantEs, amiEs, voisinEs, collègues…
Cette solidarité est indispensable. Nous ne pouvons pas accepter une telle mise en question du droit d’asile. Aujourd’hui cela concerne les réfugiéEs italiens, demain à qui le tour ?