Publié le Mercredi 19 avril 2023 à 08h17.

Contre-réforme des retraites : à l’évidence, c’est toujours non !

Sans grande surprise, le Conseil constitutionnel a validé, vendredi 14 avril, le projet de contre-réforme des retraites et rejeté la proposition d’organisation d’un référendum d’initiative partagée. Dans la foulée, Macron a promulgué la loi, sans attendre les deux semaines que lui donne, pour le faire, le fonctionnement des institutions. Et quelques jours plus tard, à la télévision, il a affiché son mépris pour la mobilisation qui se poursuit.

Après le 49.3, c’est un nouveau scandale démocratique, qui illustre la faillite d’institutions faites pour servir les puissants sous couvert de « cheminement démocratique ». Preuve que les institutions de la 5e République sont taillées sur mesure pour les politiques autoritaires qui accompagnent la mise en place des reculs sociaux, et qu’une véritable démocratie, où les exploitéEs et les oppriméEs prennent leurs affaires en main, passe par la rupture avec ces institutions.

Le scandale démocratique continue

Le gouvernement est issu d’un vote minoritaire aux législatives, il est minoritaire à l’Assemblée, il est illégitime et doit user de la répression policière pour passer en force. Macron est un président mal élu ayant réuni 21 % des inscritEs au premier tour de la présidentielle ; il y a dans le pays 70 % d’opposition au projet de loi sur les retraites, avec plus de 90 % chez les salariéEs ; des millions de personnes ont fait grève et ont manifesté depuis trois mois... Mais la 5e République permet au pouvoir de passer en force.

Lundi soir, lors de son allocution, Macron a enfoncé le clou. « Cette réforme est-elle acceptée ? À l’évidence, non. » Mais manifestement cela ne pose aucun problème au monarque de traiter ce refus par le mépris et de raconter du baratin sur d’autres sujets : parler de la santé alors qu’il a contribué à casser l’hôpital, de la hausse des prix alors qu’il refuse que les revenus augmentent au moins au rythme de l’inflation, des personnes sans emploi alors qu’il qu’il détruit l’assurance chômage, du partage des richesses alors que sous son règne les inégalités n’ont cessé d’augmenter et le CAC 40 de se gaver. Et bien sûr, comme le font tous les gouvernements illégitimes, il parle d’insécurité, d’immigration, et annonce un renforcement des forces de répression avec la création de 200 unités de gendarmerie.

Nous ne sommes pas dupes. Contre Macron et sa sale « réforme » des retraites, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté et fait du bruit lundi soir. Alors qu’il prenait la parole, plus de 300 rassemblements étaient organisés aux quatre coins du pays, suite à un appel de l’association Attac repris par la plupart des organisations de la gauche sociale et politique. Et les bruits de casseroles ont résonné un peu partout à 20 h. Dans la foulée, des dizaines de manifestations spontanées ont eu lieu, qui ont dû faire face, une fois de plus, à la répression policière.

Nous pouvons les faire reculer !

La bataille pour le retrait de la contre-réforme n’est donc pas terminée. D’abord parce que la grève peut redémarrer dans une série de secteurs toujours mobilisés, mais aussi parce que nous avons les moyens de réussir de nouvelles journées de mobilisation. Dans ce cadre, la journée de lutte internationale des travailleurEs, le lundi 1er Mai, doit être marquée par un déferlement populaire dans toutes les rues.

Il faut continuer à faire vivre cette colère, avec notamment cet objectif d’un 1er Mai historique, mais sans attendre deux semaines pour se mobiliser à nouveau. La lutte contre Macron et sa réforme des retraites se poursuit, avec des initiatives à prendre chaque jour, des grèves à construire et à soutenir, à l’image de l’appel des organisations de cheminotEs à faire grève le jeudi 20 avril.

Nous pouvons infliger une défaite au gouvernement malgré l’avis du Conseil constitutionnel, malgré la promulgation et l’arrogance satisfaite de Macron. Nous avons déjà fait reculer le pouvoir en 2006, qui avait dû retirer sa loi sur le CPE, pourtant promulguée.

Il est urgent que toutes les organisations de la gauche sociale et politique — syndicats, partis, associations — se rassemblent pour construire ensemble de telles perspectives, de façon unitaire. Dans ce cadre, nous défendons notamment l’organisation rapide d’une grande manifestation nationale, d’une marche vers l’Élysée, pour aller chercher Macron.

Après trois mois de lutte, ce n’est qu’un début !