« Pour contrer Marine Le Pen, la majorité mise sur Gérald Darmanin » : ce titre du Journal du dimanche (8 février) pourrait faire sourire si la situation n’était pas aussi grave. Quelques jours avant le « débat » annoncé sur France Télévisions entre le ministre de l’Intérieur et la cheffe du Rassemblement national, on découvrait ainsi la nouvelle trouvaille du gouvernement et de ses conseillers en communication : Darmanin rempart contre l’extrême droite.
« Pour contrer le choléra, la majorité mise sur la peste », a-t-on ironisé sur les réseaux sociaux. On ne saurait mieux dire ! Darmanin a commencé sa carrière politique au côté du député homophobe Christian Vanneste, avant de marcher avec La Manif pour tous. Darmanin méprise les féministes et est sous le coup d’une plainte pour viol et harcèlement sexuel. Darmanin explique, après avoir dissout le CCIF, que « c’est la grandeur de la démocratie et de la République » que de tolérer une organisation comme l’Action française. Darmanin veut faire la chasse aux rayons halal dans les supermarchés. Darmanin ironise sur les crimes policiers (« Quand j’entends le mot violences policières, personnellement, je m’étouffe »). Le rempart était tout désigné !
Le ministre de l’Intérieur incarne, probablement mieux que tous ses collègues du gouvernement, la « stratégie » de Macron qui, en moins de temps qu’il n’en faut pour détricoter le code du travail par ordonnances, est passé du « et de gauche, et de droite » au « et de droite, et d’extrême droite ». Et comme s’il ne suffisait pas de reprendre le vocabulaire et nombre de propositions du Rassemblement national, l’exécutif semble se complaire dans la mise en scène d’un duel Macron-Le Pen – y compris par Darmanin interposé – dans la perspective de la présidentielle.
Il n’est pas trop tard pour sortir de cette alternative mortifère, mais nous ne pourrons pour cela que compter sur nos mobilisations et sur la défense d’un projet politique radicalement en rupture avec un système toujours plus injuste et inégalitaire. Pour l’ensemble de son œuvre, Darmanin devrait dégager, et toute sa politique avec lui. L’heure est à la lutte pour nos libertés, contre l’autoritarisme et le racisme, pour en finir avec un pouvoir tout aussi dangereux qu’il est incompétent face à la crise sanitaire, préparant chaque jour un peu plus l’avènement du pire.